Programme de stabilité ou instabilité au programme ? Ce mercredi, le gouvernement a présenté sa nouvelle trajectoire des finances publiques pour 2024-2027, inscrite dans le programme de stabilité que le gouvernement est tenu d’envoyer d’ici une semaine à la Commission européenne, pour la rassurer sur la perspective de ramener le déficit sous la barre des 3% d’ici à 2027. Pour rassurer aussi les agences de notation, et éviter que leur verdict fin avril sur la «note souveraine» de la France plombe un peu plus l’horizon. Ce n’est pas gagné. Car entre révision à la hausse du déficit public 2024, prévisions de croissance jugées bien optimistes, nouvelle annonce après celle de février d’un plan d’économies de 10 milliards, renvoi à plus tard de la réduction de la dette, le moins que l’on puisse dire est que le gouvernement marche tel un funambule sur un fil économique très distendu. Le tout dans une ambiance politique ces derniers jours pas franchement rassurante : la tension entre l’Elysée (et Matignon) et Bercy a atteint un niveau de crispation jusqu’ici «jamais atteint», a-t-on confié à Libération.
Signe de cet avis de gros temps sur la stratégie économique d’Emmanuel Macron, l’annonce du ministre Stanislas Guerini sur le «tabou» à lever sur les licenciements dans la fonction publique. Vraie réflexion ou chiffon rouge agité pour servir de leurre et détourner l’attention portée sur le budget ? Mystère, mais tout cela ne respire pas la sérénité. Il est vrai qu’à quelques semaines des élections européennes, le tableau économique fait désordre. Déjà pas très fringante, la majorité va pêcher par là où elle se pensait la plus forte : le sérieux économique. Sauf que le pari macronien basé sur la libération de l’activité, censée favoriser l’emploi et donc engranger des rentrées fiscales menace de s’enrayer. Le chef de l’Etat refuse pour l’instant de renoncer à son dogme «pas d’augmentation d’impôt». Tenable ?