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Libération
L'édito de Paul Quinio

Candidature d’Edouard Philippe à la présidentielle 2027: pour Macron, le revers était dans le fruit

L’annonce par l’ancien Premier ministre de ses ambitions présidentielles appuie la fragilité politique du chef de l’Etat, et démontre que la bataille pour sa succession et bel est bien lancée.
Edouard Philippe à Paris en janvier. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 4 septembre 2024 à 20h53

Avec des amis comme ça… Cela fait un moment que l’on avait compris qu’Edouard Philipe ne portait plus Emmanuel Macron dans son cœur. Depuis qu’il a quitté Matignon, le maire du Havre a multiplié les prises de position distanciées à l’égard du chef de l’Etat, jusqu’à juger inepte sa dissolution de l’Assemblée nationale. La surprise est donc relative de voir l’ancien Premier ministre annoncer sa candidature à la prochaine présidentielle, alors qu’Emmanuel Macron s’embourbe un peu plus chaque jour dans sa mare de Premiers ministrables introuvables.

Le chef de l’Etat lui-même, pas complètement manchot côté art de la trahison, ne pourra pas non plus jouer les offusqués. Mais tout de même… Qu’Edouard Philippe, son ancien Premier ministre, et surtout leader d’une des formations (Horizons) qui soutient le Président, annonce sa candidature à la prochaine présidentielle dans ce timing si compliqué pour l’Elysée en dit long sur la fragilité politique d’Emmanuel Macron. Car Edouard Philippe n’a pas seulement assumé qu’il serait candidat en 2027. Il a assuré être prêt y compris en cas de présidentielle anticipée, c’est-à-dire en cas de démission du Président.

Qu’un Jean-Luc Mélenchon pousse ce scénario n’étonne personne. Qu’Edouard Philippe reconnaisse s’y préparer prend une autre signification : l’après Macron est officiellement ouvert, et celui qui a sorti le pied de biche pour ouvrir la porte est à l’intérieur de la maison… La fin de quinquennat s’annonce donc longue pour un Emmanuel Macron non seulement privé de majorité à l’Assemblée mais désormais à la tête d’une minorité où les couteaux à lame longue sont de sortie. Et à force de maltraiter les institutions, le chef de l’Etat s’est privé des principales armes qu’il avait à sa disposition pour rebondir. La preuve par l’interminable feuilleton de la nomination du Premier ministre. Rien dans sa gestion de la séquence n’indique que le chef de l’Etat puisse sortir la tête de l’eau. Edouard Philippe l’a compris et a choisi de l’enfoncer un peu plus.