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Libération
L'édito de Dov Alfon

Canicules en ville : de l’air !

La fournaise s’abat sur les villes, transformant le patrimoine urbain en piège thermique. Face à l’urgence, des solutions émergent, après des décennies d’alertes.
Météo France a décrété la vigilance orange canicule dans 16 départements ce week-end. (Aitor Diago/Getty Images)
publié le 20 juin 2025 à 20h38

Chronique d’ébullition, une de plus, car la ville grésille de chaleur ce samedi. Si Météo France a décrété la vigilance orange canicule dans 16 départements ce week-end, le ressenti de cette vague caniculaire est surtout pénible dans les centres-villes.

Il faut bien le dire : trois des joyaux de notre patrimoine urbain, reconnus par les dirigeants de l’Unesco ou par les influenceurs sur Instagram, ne sont pas adaptés au réchauffement climatique et constituent aujourd’hui une aberration sanitaire. Les toits en zinc de Paris, les immeubles en pierre volcanique de Clermont-Ferrand ou les façades en briques rouges de Toulouse renvoient énormément de chaleur dans des rues trop étroites pour l’évacuer.

Si d’autres villes sont touchées par ce phénomène, Paris reste de loin la ville la plus concernée, septième cercle de l’Enfer où sont ébouillantés les damnés. Les immeubles haussmanniens et leurs toits en ardoises sont de véritables pièges à chaleur que les amoureux du patrimoine continuent d’alimenter.

Fort heureusement, de timides contre-feux commencent à être mis en place. Nous en faisons le tour, entre «îlots de fraîcheur», nouveaux isolants, fermeture de la circulation, parcs ouverts 24 heures sur 24 ou réseau innovant de froid urbain.

Libération alerte sur le réchauffement climatique depuis 1979, mais ces centaines d’articles, souvent affichés en une du journal, ont longtemps échoué à convaincre les pouvoirs publics de prendre les mesures qui s’imposent. Il n’est pas trop tard pour parer en urgence ces pièges urbains, et certainement pas pour lutter contre l’inertie politique.

En voici une preuve, puisque le décret qui définit les mesures à prendre pour protéger les salariés des fortes chaleurs doit entrer en vigueur le 1er juillet. Apparue en 1978, alors qu’une fonctionnaire était licenciée pour avoir porté un bermuda au travail, la question du code vestimentaire en période de canicule était restée hautement débattue, jusqu’à la Cour de cassation en 2003. On n’arrête pas le progrès social ; ni le réchauffement climatique d’ailleurs.