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Libération
L'édito de Paul Quinio

Censure contre Barnier : Macron seul en son âme et inconscience

Gouvernement Bayroudossier
Avec le départ de son Premier ministre, le Président voit ce qu’il reste des murs de son domaine s’écrouler sur lui. Il n’a plus grand monde autour de lui après avoir entraîné le pays dans une crise politique particulièrement grave.
Emmanuel Macron, à Rio de Janeiro (Brésil), le 18 novembre 2024. (LUDOVIC MARIN/AFP)
publié le 3 décembre 2024 à 21h24

Les voies que pourrait emprunter Emmanuel Macron pour sortir le pays de la crise politique, que le très probable départ de Michel Barnier ce mercredi 4 décembre va accentuer, sont pour l’heure impénétrables. Et il n’est pas sûr que passer le week-end à Notre-Dame comme le Président s’apprête à le faire permette de trouver la solution miracle… On plaisante bien sûr, d’autant que ce calendrier, qui voit la censure contre le gouvernement s’inviter dans la séquence «réouverture de Notre-Dame», va davantage contrarier le chef de l’Etat que l’inspirer.

L’inauguration de la cathédrale devait être son moment à lui, une occasion de présenter au monde entier les prouesses dont la France reste capable. Un retour aux sources de la matrice macronienne du «quand on veut on peut», refaire une cathédrale en cinq ans comme on a renversé la table politique en quelques mois. Croisons les doigts, puisque prier n’est pas notre tasse de thé, que l’édifice inauguré en grande pompe tiendra un peu plus longtemps que la maison de paille politique bâtie par Emmanuel Macron. Cette dernière était ouverte aux quatre vents depuis le milieu de son premier quinquennat. Elle a perdu son toit en juin après la dissolution.

Avec la censure et le départ de Michel Barnier, ce qu’il reste des murs est en train de s‘écrouler sur le dernier locataire. Et avec Marine Le Pen qui rôde dans le jardin, trouver un nouveau «coloc» désireux de signer un bail éjectable n’aura rien d’évident. Dit de manière moins détournée, Emmanuel Macron est un roi presque nu. Il a consumé depuis longtemps son flair politique. Il n’a plus grand monde autour de lui pour avoir du nez à sa place. Il a entraîné le pays dans une des crises politiques les plus graves de la Ve République, peut-être la plus grave. Il aura nourri un «dégagisme» qui ne nous dit rien qui vaille, même dirigé contre lui. L’Elysée laisse entendre que le chef de l’Etat veut aller vite pour nommer un successeur à Michel Barnier. Il a raison. Sa maison de paille a besoin d’un rempart…