Ce lundi 24 mars, trois femmes en France seront victimes d’une tentative de meurtre par leur conjoint, présent ou passé, d’après la moyenne quotidienne des statistiques gouvernementales. En 2021, elles étaient 122 à avoir été assassinées par leurs conjoints ; pourquoi le cas de l’une d’entre elles, Chahinez Daoud, brûlée vive par son mari devant le domicile où elle vivait avec ses trois enfants, a particulièrement ébranlé l’opinion publique ?
Série de dysfonctionnements
Le procès de celui-ci pour «assassinat» s’ouvre ce lundi devant la cour d’assises de Gironde et pourrait fournir plusieurs explications. La plus évidente est l’effarante série de dysfonctionnements de la police : graves négligences, lenteur abyssale, dissimulation d’informations entre les services de la justice et de la police, prise en charge douteuse par un agent lui-même condamné pour violences conjugales – la liste est longue et avait poussé le ministre de l’Intérieur d’alors, Gérald Darmanin, à demander des réformes conséquentes.
Quatre ans après le drame, Libération fait le point sur les résultats. Si l’administration a en effet pris des mesures très claires, bien au-delà de simples déclarations d’intentions, celles-ci se heurtent aux réticences des syndicats de policiers, au manque de moyens et à l’absence d’un plan coordonné entre police, justice, éducation, santé, collectivités et associations à l’échelle nationale. Le nombre de victimes de féminicides en 2024 a été plus élevé encore qu’en 2021, celle où la mort effroyable de Chahinez Daoud aurait dû tout changer.
Un cauchemar dont elles ne se sont jamais réveillées
Faut-il le dire ? Si bien des femmes ont peur de leur mari, c’est parce qu’elles savent que d’autres femmes ont vécu un cauchemar dont elles ne se sont jamais réveillées. Dans ce monde qui donne aujourd’hui l’impression de tourner à l’envers, notre société aura vraiment progressé quand ce fléau patriarcal aura été éradiqué.