Un discours de fin qui, loin de nous éclairer sur l’étrange bail de François Bayrou à Matignon, a finalement rajouté du mystère au mystère. D’abord parce que le Premier ministre s’est montré, c’est en tout cas l’impression qu’il a donnée, plus convaincu que jamais depuis sa nomination. Energie du désespoir ? Soulagement du condamné plutôt, qui alimentera la chronique pas encore totalement écrite de son échec. Echec d’un homme. Echec d’une idée aussi, celle du compromis. Echec d’un homme et d’une idée pourtant entremêlés depuis plus de quarante ans. Cette notion n’est actuellement pas très tendance dans le débat public de beaucoup de démocraties qui nous entourent. Elle n’est pas au cœur de la culture politique française. Le compromis est en revanche le moteur de l’identité centriste de François Bayrou. Il l’a d’ailleurs dit lundi à la tribune : «Je crois au compromis.»
Une question dès lors se pose, centrale pour comprendre l’entourloupe politique à laquelle s’est livré le Premier ministre en suscitant ce vote de confiance : pourquoi n’a-t-il pas recherché de toutes ses forces, depuis neuf mois, davantage de compromis ? Pourquoi ne l’a-t-il pas exigé du Medef lors du fameux conclave sur les retraites, plutôt que de faire un bras d’honneur à la CFDT ? Pourquoi s’est-il interdit d’ouvrir le jeu sur la question de la fiscalité des plus riches, plutôt que de caricaturer les propositions de la gauche de gouvernement ? Ou sur l’imposition des multinationales, très choyées ces dernières années ?
C’est d’autant plus incompréhensible que le paysage parlementaire, qui le privait de majorité, l’y obligeait. Ce paysage ne sera pas modifié par la démission du gouvernement de François Bayrou. Le compromis n’est en rien une fin politique en soi. Une vertu absolue, sur tous les sujets, dans toutes les circonstances, avec n’importe qui (et certainement pas avec le RN). Mais il est au cœur de l’équation budgétaire que le futur Premier ministre devra résoudre. Et donc au cœur du nœud politique qu’Emmanuel Macron doit désormais défaire.