Michelin hier, ArcelorMittal aujourd’hui. Alors qu’Emmanuel Macron a fait de la réindustrialisation de la France un axe essentiel de sa politique économique, stratégie qui a porté ses fruits, ces dernières semaines, et même ces derniers jours, ont vu quelques nuages venir noircir le tableau un peu trop positif auquel s’accroche le chef de l’Etat. Au point que les spécialistes estiment que le nombre de créations d’entreprises industrielles serait repassé sous celui des fermetures. Une mauvaise nouvelle de plus pour le gouvernement de Michel Barnier. Déjà confronté à un défi budgétaire maous costaud, une crise agricole qui repointe son nez, il est désormais menacé par un défilé automne-hiver de conflits sociaux. Autant dire que les débats qui se tiendront lors de l’étape dunkerquoise du Climat Libé Tour tombent à pic.

De quoi y sera-t-il question ? Dans ces terres ouvrières frappées de plein fouet par la désindustrialisation à la fin du siècle dernier, le défi sur la table des échanges qui se tiendront à la Halle aux sucres sera de penser comme dirait l’autre cette stratégie de «réarmement» industriel, avec ses enjeux économiques et sociaux, en même temps que les défis de la transition écologique et les impératifs de lutte contre le réchauffement climatique. C’est peu dire que le territoire portuaire dunkerquois, au sens large, est intéressant à ausculter. Il a bien sûr bénéficié des décisions politiques nationales en faveur de la réindustrialisation. Mais aussi et surtout de la capacité des acteurs locaux, qu’ils soient politiques, industriels ou financiers, de penser ensemble l’avenir, en s’appuyant bien sûr sur une histoire, mais sans craindre d’innover pour affronter les difficultés, par exemple celle de décarbonation d’une industrie hautement émettrice. «Une industrie verte est-elle possible ?» écrivons-nous en une de ce supplément. Sans chausser de lunettes roses, l’espoir est que les débats de cette étape dunkerquoise du Climat Libé Tour y apportent un début de réponse positive. Parce qu’on n’a tout simplement pas le choix.