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Edito

Cold cases : la réalité ressemble de près à la fiction

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La modernité et la technologie ne sont pas encore descendues jusqu’aux sous-sols des palais de justice et c’est bien pour cela qu’un pôle spécialisé devrait voir le jour. Une initiative plus que salutaire.
(Lucas Harari/Libération)
publié le 4 juin 2021 à 21h05

Le temps qui passe est rarement un allié. Dans le domaine judiciaire plus encore car il dilue les souvenirs, efface les traces, brouille les pistes. Nul besoin d’être un expert pour avoir les chiffres en tête : les quarante-huit heures qui suivent la découverte d’un crime ou d’une disparition sont cruciales, les chances s’amenuisent ensuite au fil des jours, des mois, et que dire des années, voire des décennies ? Les dossiers qui tombent ainsi dans un trou noir ont été baptisés cold cases, «dossiers froids» en français. Chaque pays en compte un nombre astronomique car l’urgence fait qu’un dossier chasse l’autre. Dans la série policière américaine qui porte le même nom et qui a sans doute contribué à populariser le concept, ils reposent dans des cartons entreposés au sous-sol et c’est le hasard ou la ténacité d’un(e) proche de la victime qui pousse bien souvent l’enquêteur à braver la poussière pour rouvrir le dossier.

Si l’on en croit les spécialistes que nous avons interrogés, la réalité ressemble de près à la fiction : la modernité et la technologie ne sont pas encore descendues jusqu’aux sous-sols des palais de justice et c’est bien pour cela qu’un pôle spécialisé à compétence nationale dans les cold cases devrait voir le jour. Et peut-être à terme plusieurs pôles. Une initiative plus que salutaire. Si un tel pôle avait existé, les enquêteurs auraient peut-être fait le lien plus vite entre Michel Fourniret et la disparition d’Estelle Mouzin. Si un tel pôle avait exi