On ne va pas se mentir : la journée de grève aujourd’hui à la SNCF, qui ne perturbera que moyennement les usagers, n’est sans doute pas celle qui fera d’un coup monter la température sociale. Il n’empêche que cette journée d’action des cheminots ouvre une séquence que le gouvernement va surveiller comme le lait sur le feu, une grève reconductible étant annoncée à la SNCF pour le 11 décembre, avec entre ces deux dates une journée de mobilisation dans la fonction publique.
Cette montée du thermomètre s’inscrit évidemment dans un contexte qui a déjà toutes les raisons d’inquiéter l’exécutif. Les agriculteurs manifestent depuis le début de la semaine à nouveau leur colère, moins d’un an après leur dernier mouvement de grogne. La FNSEA a d’ailleurs annoncé ce mercredi que des nouvelles journées d’actions auront lieu la semaine prochaine. Surtout, la récente annonce de plus de 1 000 suppressions d’emplois chez Michelin a rappelé à tout le monde que contrairement à l’idée qui s’était installée, cela ne va pas fort non plus dans le secteur de l’industrie, où là aussi une journée de mobilisation syndicale est programmée le 12 décembre. Une réunion interministérielle doit se tenir vendredi à Matignon, signe que la menace de plans sociaux en série inquiète.
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Si la période de fin d’année charrie assez régulièrement sa part de fantasmes sur l’imminence d’un mouvement social chaud bouillant, dopé par une convergence des luttes qu’aucun syndicat n’a le pouvoir de décréter, les signaux de grogne sont loin d’être négligeables. Ils interviennent à un moment où le gouvernement donne plus que jamais le sentiment d’être sans cap réel. Celui de la rigueur budgétaire affiché par Michel Barnier à son arrivée s’effiloche chaque jour davantage. A ce cocktail déjà amer s’ajoute la menace d’une motion de censure que les pronostiqueurs envisagent d’ici la mi-décembre. Mais cela fait longtemps que Michel Barnier, ancien ministre de Jacques Chirac, sait que les emmerdes volent souvent en escadrille.