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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Commerce maritime mondial : les Houthis sèment une peur bleue en mer Rouge

Gaza, l'engrenagedossier
Les attaques répétées de navires marchands par les rebelles yéménites ont poussé plusieurs armateurs mondiaux à éviter la zone, où transite 12% du commerce mondial. Aidés par l’Iran, les Houthis visent depuis le déclenchement de la guerre à Gaza les bâtiments qu’ils estiment liés à Israël.
Un navire militaire américain sur la mer Rouge le 26 novembre. (Aaron Lau/USDD. AFP)
publié le 18 décembre 2023 à 20h22

La régionalisation de la guerre Hamas-Israël n’est plus seulement une crainte, c’est une réalité. En s’attaquant, à coups de missiles balistiques et de drones armés, aux cargos de marchandises traversant la mer Rouge, les rebelles houthis sont en passe de paralyser le trafic maritime régional et d’entraver une bonne partie du commerce mondial. Après le danois Maersk, l’allemand Hapag-Lloyd, le français CMA CGM et l’italo-suisse MSC, c’est le britannique BP qui a annoncé ce lundi 18 décembre qu’il suspendait toutes ses activités en mer Rouge où transite quelque 12 % du commerce mondial, ce n’est pas rien. Le coup est d’autant plus dur que les Occidentaux peinent à trouver la parade. Ils ne peuvent protéger chacun de leurs cargos, même si ceux-ci ont appris à se défendre contre les pirates somaliens. Et combattre directement les Houthis qui, avec le soutien de l’Iran, sont parvenus à tenir tête pendant huit ans au gouvernement yéménite appuyé par l’Arabie Saoudite, ne ferait que rajouter de la guerre à la guerre et embraserait véritablement la région.

Pourquoi cette soudaine flambée d’attaques en mer Rouge ? Depuis les massacres du 7 octobre, l’Iran tire toutes les ficelles possibles pour déstabiliser Israël et les Etats-Unis – ses deux ennemis jurés –, du Hamas qu’il soutient activement aux Houthis à qui il transfère des technologies militaires sophistiquées. Et pour l’heure il y parvient. Ashdod, le principal port d’Israël, accuse une baisse de 30 % de son activité depuis les premières attaques, rapporte notre envoyé spécial sur place. Et de nombreux armateurs envisagent désormais de contourner l’Afrique via le cap de Bonne-Espérance, sauf que ce trajet multiplie quasiment par deux la durée du transport et donc une partie des coûts afférents. Cette situation périlleuse pour l’économie mondiale milite encore plus, s’il en était besoin, pour un règlement actif du conflit israélo-palestinien une fois que les armes se seront tues. Ce ne sont plus seulement Israël et les territoires palestiniens qui sont concernés mais aussi l’équilibre du monde.