Emmanuel Macron accusé par la presse italienne de manœuvrer pour faire élire un pape français (chose qui n’est pas arrivée depuis le XIVe siècle), Viktor Orbán qui pousse son candidat, Giorgia Meloni qui rêve sans doute d’un pape italien, Donald Trump qui poste un montage de lui-même en pape… Face à l’appétit des chefs d’Etat pour l’élection qui commence ce mercredi 7 mai 2025 à Rome, on en vient à se demander : à quoi sert donc un pape ? Les Etats ont-ils vraiment intérêt à avoir un évêque de Rome national ?
Le défunt souverain pontife François avait soigneusement évité de se rendre dans son pays d’origine pour écarter toute récupération politique. Mais force est de constater que son origine dite «du Sud» aura eu une influence sur la diplomatie de son pontificat, le chef de l’Eglise catholique ayant clairement montré son souci de mettre en lumière des pays considérés comme périphériques, que ce soit en choisissant d’aller en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou en Corse plutôt qu’à Paris. Comme Jean-Paul II avant lui – c’était moins le cas pour Benoit XVI – François s’est particulièrement illustré comme un pape diplomate. Il a notamment œuvré en 2014 au rapprochement entre Cuba et les Etats-Unis, ou encore à l’accord de paix en Colombie. Récemment, il avait été critiqué pour son implication relativement tardive dans le conflit en Ukraine ou pour avoir tendu la main à la Chine, où les catholiques restent persécutés. Mais il avait aussi été encensé comme premier opposant à Donald Trump.
Qui pour reprendre ce flambeau ? Dans ces temps troublés, où certains voient arriver des conflits de grande ampleur, la figure du souverain pontife peut-elle se faire l’écho de la paix ? Ce pape, élu par une grosse centaine de cardinaux, représentera tout de même 1,4 milliard d’individus sur plusieurs continents. Même si son rôle est avant tout symbolique, le futur pape sera un chef d’Etat – de moins de 1 000 habitants – et devra discuter avec Donald Trump et autres grands de ce monde. On comprend alors que les Européens, qui peinent à affirmer leur place dans l’échiquier mondial, en viennent à espérer un coup de pouce diplomatique divin.