Menu
Libération
L'édito de Paul Quinio

Congrès du PS : une guéguerre des roses qui fatigue

Alors que le 81e congrès du PS se tient du 13 au 15 juin à Nancy, force est de constater que le parti passe à côté de débats qui pourraient susciter l’intérêt. L’espace politique avant l’échéance de 2027 existe, mais le temps presse.
Pendant un meeting de Nicolas Mayer-Rossignol à Paris le 24 mai 2025. (Albert Facelly/Libération)
publié le 4 juin 2025 à 21h02

Le Parti socialiste tient son congrès. Ah bon ? Où ça ? A Nancy. Quand ça ? Du 13 au 15 juin. Mais les militants votent ce jeudi pour désigner le premier secrétaire. Mais qui est candidat ? Olivier Faure, le sortant, et Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, déjà opposé au premier lors du dernier congrès. Qui va gagner ? Sans doute Olivier Faure, car il a reçu le soutien de Boris Vallaud, arrivé troisième après le premier tour. Mais ce n’est pas complètement sûr non plus. D’accord. Et donc ? Et donc quoi… ?

Vous aurez compris qu’au-delà du ton un peu moqueur, les semaines qui viennent de s’écouler ont confirmé que le Parti socialiste, malheureusement, reste un petit corps malade. Ses débats, sa campagne interne, se sont déroulés dans un contexte d’actualité dramatique, ce qui pousse sans doute à regarder ailleurs. Mais tout de même… Ils n’ont, en vrai, intéressé personne. Cette actualité dramatique, et on ne parle pas seulement des guerres en Ukraine ou à Gaza, mais des oukases économiques de Trump, des débats ici en France sur le déficit budgétaire, des reculs très inquiétants dans la prise de conscience de l’urgence écologique, du désarroi – et le mot est faible – de notre jeunesse, aurait dû être à l’inverse un levier d’intérêt. Qu’est-ce que les socialistes ont à dire aux Français sur tous ces sujets, la liste n’est évidemment pas exhaustive ? Personne ne le sait davantage à la veille du congrès de Nancy qu’il y a deux mois. Ce constat, sévère, vaut d’ailleurs pour le reste de la gauche. LFI continue de se rétrécir dans son sectarisme et ses impasses, tout en se délectant de voir les autres formations pédaler dans la semoule de l’union ou pas l’union, avec qui, jusqu’où et patati et patata. Le congrès des écolos n’a pas produit grand-chose d’enthousiasmant. Le PCF s’accroche aux branches municipales qui restent. Quant à François Ruffin et Raphaël Glucksmann, dans des registres bien sûr différents, ils tentent d’émerger toutes les trois semaines, sans grand succès. Désespérant ? Un peu. Beaucoup. Pourtant, comment penser que la gauche n’a pas, à l’heure de cette bascule mondiale que l’on sent à l’œuvre, un rôle majeur à jouer, un message essentiel et d’espoir à passer, notamment aux classes populaire et moyenne forcément plus inquiètes ? C’est d’autant plus la question que la macronie s’abîme dans une guerre de succession. Que le RN reste groggy après l’armoire judiciaire qu’il a prise sur la tête. Et que la droite n’a toujours pas compris que sa copie sera toujours plus pâle que l’original d’extrême droite. Bref, l’espace d’ici 2027 existe. Le temps presse un peu, mais la gauche peut encore se donner les moyens de l’occuper.