C’est une question à 36 millions… de bouteilles d’eau, ce qui correspond à la consommation quotidienne des Français. La question ? N’y aurait-il pas un petit problème de transparence des industriels du secteur sur la qualité de l’eau qu’ils vendent fort chère, le tout sous le regard très compréhensif des pouvoirs publics ? Avec, en bout de chaîne, des consommateurs dans le flou… Rappel des faits : il y a deux mois et demi, une enquête de nos confrères du Monde et de Radio France révèle que 30 % de la production d’eau en bouteille subiraient des traitements non conformes aux réglementations, afin d’être décontaminée et continuer ainsi à être commercialisée. En cause, au départ, la présence de bactéries fécales mais aussi des traces de pesticides, d’engrais et de Pfas, ces fameux «polluants éternels» dans des eaux dont la publicité vante la pureté ou les bienfaits pour la santé. Pour se débarrasser de cette pollution qui fait désordre et pose évidemment des problèmes de sécurité sanitaire, Nestlé Waters et Sources Alma, pointés du doigt, ont donc eu recours à des traitements… Ouf, se dit-on.
Le problème est qu’ainsi traitées ces eaux minérales n’ont plus rien de «naturelles», appellation contrôlée et surtout principal argument commercial pour appâter le client et justifier le prix payé en caisse. Un problème qui en cache un autre : cette manip industrialo-commerciale s’est opérée avec l’accord des autorités, qui se sont bien gardées à l’époque d’alerter le grand public alors même qu’elles avaient diligenté une enquête. La tête de liste écolo aux européennes, Marie Toussaint, va jusqu’à parler de «crime industriel facilité par l’Etat». Un expert interrogé par Libération estime nécessaire qu’un échantillon représentatif de toutes les eaux conditionnées fasse l’objet de tests. Ce serait la moindre des choses. A plus long terme, un vrai contrôle de l’état de l’eau avant qu’elle soit embouteillée semble s’imposer. Cela s’appellerait traiter le problème à la source. Mais aussi ouvrir la boîte de Pandore.