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Libération
Editorial

Contraception: le partage de la responsabilité entre les femmes et les hommes est toujours aussi utopique

Depuis des décennies, on annonce que la recherche sur la contraception masculine est à la traîne, et depuis des décennies, les politiques promettent de se saisir du sujet au plus vite. Il est temps de passer à l’action.
(Garo. Phanie)
publié le 22 août 2022 à 20h28

L’Organisation mondiale de la santé annonçait dans un rapport publié en 1983 que la recherche sur la contraception masculine était tellement à la traîne que «l’arrivée de la pilule pour hommes pourrait prendre presque vingt ans»; presque quarante ans se sont écoulés depuis, et le partage de la responsabilité entre les femmes et les hommes est toujours aussi utopique. Pourtant, la contraception est un sujet primordial de santé publique: 25% des grossesses dans les pays développés (et 40% en moyenne mondiale) ne sont pas voulues, avec toutes les conséquences que l’on connaît.

Libération publie aujourd’hui un appel urgent à développer la contraception masculine en France, enjeu majeur de l’égalité femmes-hommes. Les signataires de notre appel incitent les pouvoirs publics et les laboratoires à arrêter de se dorer la pilule, alors que les déclarations gouvernementales sur ce sujet, ces dernières années, ne sont suivies d’aucune action, un peu comme les déclarations masculines en général d’ailleurs.

Marlène Schiappa avait déclaré en 2017 qu’elle «veillerait à ce que la contraception masculine se développe davantage» avant de se raviser, et Olivier Véran l’avait mentionnée dans sa feuille de route comme ministre de la Santé. Résultats : toujours rien.

La recherche se fait principalement aux Etats-Unis, grâce à des fonds gouvernementaux conséquents, qui ont abouti à plusieurs développements intéressants. Le moins chanceux fut probablement le Docteur John K. Amory de l’Université de Washington : sa pilule, basée sur le blocage de l’acide rétinoïque, vital pour le mouvement du sperme chez l’homme, devenait malheureusement inefficace en association avec l’alcool. Or, comme l’avait expliqué Amory lui-même quand il jeta l’éponge en 2011 : «Si l’alcool n’existait pas dans les relations sexuelles, nous n’aurions peut-être pas besoin de contraception.» Pas moins de 23 pistes plus solides ont depuis été approuvées par la recherche, dont l’immense majorité hors de France. Le pays où a été inventée la pilule du lendemain ne croit plus, du moins en ce domaine, en sa propre richesse.

Pour soutenir l’appel de Libération pour le développement de la contraception masculine, signez la pétition sur Change.org et relayez la sur les réseaux sociaux avec le hashtag #ContraceptonsNous