Pour la troisième année consécutive, le Canada brûle : le pays aurait perdu en quelques mois l’équivalent de la superficie de la Croatie, c’est énorme. Et l’erreur serait de s’y habituer. Cela signifierait l’accepter, en prendre son parti. Or la recrudescence des feux et leur intensité croissante sont directement liées au dérèglement climatique qui accentue les phénomènes extrêmes, dérèglement contre lequel il faudrait lutter bien plus efficacement. Témoin, les incendies ont démarré cette année plus tôt que d’habitude en raison de températures très au-dessus de la normale dès le mois de mai, et surtout des conditions de sécheresse héritées des années précédentes. Si un incendie sous contrôle peut parfois être bénéfique pour la nature, qu’il régénère, des feux répétés et prolongés fragilisent des régions entières.
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Pour le documenter, notre envoyé spécial s’est rendu à Jasper une ville touristique entourée de forêts, dans la province de l’Alberta, qui avait dû être évacuée il y a un an jour pour jour en raison de feux devenus hors de contrôle. Un tiers des bâtiments de la ville avaient brûlé et, un an plus tard, tout n’a pas été reconstruit, loin de là : si 400 foyers ont pu être relogés, 240 attendent encore une solution de transition. Et les casse-tête logistiques sont légion : il faudrait par exemple reconstruire avec des matériaux anti-feu sauf que… les assurances couvrent une reconstruction à l’identique. Ubuesque.
Et l’on ne parle pas du traumatisme psychologique, ni du manque à gagner économique au moment précis où les touristes se détournent des Etats-Unis de Donald Trump pour privilégier le Canada. Bref, il y a urgence à intégrer que nous atteignons des seuils critiques, dans ce pays qui se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète, mais pas seulement. La Laponie, où il fait rarement plus de 20°C l’été, fond littéralement depuis une semaine sous des températures dépassant les… 30°C.