Dans son premier discours devant la convention du Parti démocrate, en juillet 2004, Barack Obama avait affirmé qu’«il n’existe pas d’Amérique conservatrice ou d’Amérique progressiste», mais un seul pays uni, les Etats-Unis d’Amérique. C’était il y a vingt ans, c’était il y a des siècles. Prenant la parole cette semaine devant la convention 2024, Obama a pratiquement dit le contraire. Cherchant à renforcer la légitimité de Kamala Harris, vice-présidente feutrée propulsée in extremis en candidate grande gueule, l’ex-président américain l’a surtout présentée comme le seul rempart contre l’Amérique de Donald Trump, le formidable revenant. Comparant l’ancien président à un voisin qui fait fonctionner sans arrêt son aspirateur de feuilles mortes sous vos fenêtres, Obama a mis en garde contre la détermination de son successeur à tout tenter pour éviter une nouvelle défaite en novembre.
Nos envoyés spéciaux ont pu constater que le message a bien été compris, et que les démocrates n’ont aucunement l’intention de se laisser endormir par un optimisme qui pourrait leur être fatal. Affaibli par sa chute dans les sondages, Trump semble en effet en mauvaise posture. Il est surtout incapable de contrer l’élan positif créé par Harris, et dont les mots-clés – espoir, joie, avenir – semblent lui être incompréhensibles. Ces derniers jours, le candidat républicain paraît s’être emmuré dans une réalité alternative où les statistiques sur la criminalité, sur l’immigration et sur l’économie sont quelquefois exagérées, et d’autres totalement inventées.
Ce n’est peut-être pas par hasard : pour Trump, toute dynamique qui pourrait l’empêcher de revenir au pouvoir ne pourrait être que criminelle. Prenant la parole ce jeudi soir devant la convention du Parti démocrate, Kamala Harris doit prouver qu’elle peut surfer sur la vague d’espoir qui veut porter sa candidature aux portes de la Maison Blanche, laissant dehors les racistes et les complotistes de l’autre Amérique.