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Libération
Edito

Crise du cinéma : des pistes pour s’en sortir

La fréquentation des salles n’a jamais été aussi basse que le mois dernier en France. Face à ce constat alarmant, un collectif informel propose des états généraux du cinéma indépendant. Une initiative urgente.
Le cinéma «Eden-Théâtre», à La Ciotat, est le plus ancien cinéma encore en activité dans le monde avec sa première projection de film en 1899. (Nicolas Tucat/AFP)
publié le 4 octobre 2022 à 20h31

Les salles sont vides, ou presque. La fréquentation cinématographique a péniblement atteint au mois de septembre 7,4 millions d’entrées, soit 20 % de moins qu’en septembre 2021 et 34 % de moins qu’en septembre 2019, avant la pandémie, avant le confinement, et surtout avant la montée en puissance des plateformes. Il s’agit du plus bas niveau de fréquentation enregistré depuis 1980, première année des statistiques mensuelles du Centre National du Cinéma. L’ampleur de la crise est donc manifeste, mais s’il faut davantage l’appréhender, on peut y inclure les estimations historiques, d’avant le CNC : d’après ces chiffres, la dernière année où si peu de Français sont allés au cinéma était 1909. Il est grand temps donc d’ouvrir les yeux et de pousser un cri d’alarme. C’est ce qu’est en train de faire un collectif de personnalités du secteur, majoritairement issues du monde des indépendants, qui appellent à réunir en urgence des états généraux du cinéma. Autour d’une table ronde organisée par Libé, quatre d’entre eux expliquent comment on en est arrivé là, et lancent des pistes pour en sortir. Avant tout, réinventer le modèle d’excellence française au lieu d’essayer de singer le modèle américain, et promouvoir le cinéma d’auteur, qui conquiert le monde entier. Ceux aux manettes qui dénigrent maintenant Godard ou Rohmer feraient bien de vérifier les ventes de leurs films à l’international au lieu de plaider pour les grosses productions prétendues grand public dont même les Français ne veulent plus. Ensuite, sauver la redevance télé, qui finançait indirectement bon nombre de ces films. Et enfin, comprendre qu’il ne servira à rien de se presser à imiter un modèle de plateformes des années après que les producteurs américains l’ont conquis et perfectionné. Il nous faut inventer notre propre modèle, pousser nos créations originales, faire fleurir des idées qui n’auraient pu être réalisées à Bollywood ou à New York. La mobilisation pour des états généraux du cinéma est un premier pas aussi encourageant que nécessaire.