C’est une plongée inédite, captivante et effrayante à la fois dans un univers secret tentaculaire, celui des milices armées au Liban. Tandis que la guerre larvée entre Israël et le Hezbollah menace de se métamorphoser en déflagration dont les conséquences pourraient être dramatiques, le sud du Liban est déjà victime de batailles fratricides que suivent de très près les deux puissances régionales, l’Iran et Israël. L’enquête de longue haleine de notre correspondant sur place révèle l’emprise du Parti de Dieu sur cet Etat dysfonctionnel, mais aussi comment les forces armées irrégulières se préparent à lui résister.
«Il est clair que le Hezbollah fait partie du système iranien, on traite avec un parti qui est devenu une armée régionale», nous dit Sami Gemayel, petit-fils du fondateur vénéré des Phalanges chrétiennes. On tremble à l’idée d’une nouvelle guerre civile, cette fois alimentée aussi par la guerre par proxy entre l’Iran et Israël. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, pourrait en effet être tenté par un coup de force spectaculaire qui lui permettrait de prolonger sa survie politique, même après un accord à Gaza. Au total, les incidents multiples à la frontière ont déjà fait plus de 450 morts côté libanais, dont 90 civils, et 26 en Israël dont au moins onze civils.
Au moins 80 000 Israéliens – nombre d’entre eux sont des électeurs traditionnels du Likoud de Nétanyahou – ont dû fuir leurs habitations, ou vivent au rythme des attaques et bombardements de part et d’autre. Emmanuel Macron avait assuré en avril faire tout ce qui est en son pouvoir «pour prévenir la montée des violences entre le Liban et Israël», tout en affirmant sa détermination à apporter aux forces armées libanaises «le soutien qui leur est nécessaire». Face à l’arsenal préparé par les groupes paramilitaires au Liban, cette nécessité risque d’être décuplée.