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Libération
L'édito de Paul Quinio

Data centers : la ruée vers l’octet

Symboles de dynamisme économique et de la révolution IA, les hangars de stockage de données numériques prolifèrent en France. Sans que leur impact écologique ne soit toujours anticipé.
Dans le data center Phocea DC, situé dans le 3e arrondissement de Marseille. (Olivier Monge/Myop)
publié le 18 juin 2025 à 20h53

Ils poussent comme des champignons et seront sans doute, un jour, les vestiges urbanistiques de la révolution technologique en cours. Comme le sont aujourd’hui autour de Birmingham ces énormes cheminées de briques qui rappellent que l’Angleterre fut un des berceaux de la révolution industrielle dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Ces champignons, des hangars en réalité plus ou moins maousses, s’appellent des data centers et abritent les serveurs qui servent à stocker nos données numériques. Ils poussent bien sûr à travers toute la planète, et la France, qui en compte déjà 322 à ce jour et se situe au sixième rang mondial en nombre de data centers sur son territoire, n’a pas l’intention de laisser sa part au chat. En février, Emmanuel Macron a annoncé que 100 milliards d’investissements seraient consacrés au développement de cette filière. C’était lors d’un sommet consacré à l’intelligence artificielle, ce qui n’a évidemment rien d’un hasard.

Se pencher comme Libération le fait aujourd’hui sur leur prolifération, c’est un peu comme s’installer, puisque c’est la période, devant une copie d’examen, sans que l’on sache si c’est une épreuve d’économie, de géographie, de technologie, de sciences de l’environnement, voire d’urbanisme. C’est en réalité, puisque tous ces aspects s’entrecroisent, un sujet de philosophie autour de la notion de progrès. La vitesse avec laquelle les data centers vont s’implanter dans nos paysages n’est qu’une traduction physique de l’incroyable rapidité avec laquelle l’intelligence artificielle est en train de s’imposer. Avec évidemment ses opportunités, scientifiques ou économiques, entre autres. Mais aussi ses risques. Ceux, environnementaux (émission de gaz à effets de serre, consommation en eau, production massive d’électricité et on en passe), sont à la fois bien identifiés et loin d’être résolus. Quant à ceux qui sont mal identifiés, que l’on ne veut pas voir, ou que l’on ne peut pas encore voir...