La recomposition politique en cours laisse planer de nombreuses interrogations sur la quasi-totalité des forces politiques du pays. Mais il en est une qui ne sait vraiment plus où elle habite et dont le moral plonge au fil des jours : la majorité présidentielle. Assommé par l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale qu’il n’avait pas vue venir, le camp macroniste est défait. Beaucoup de ceux qui avaient été élus en 2017 et battus en 2022 ont renoncé à se représenter : soit par lucidité, conscients de la dégradation de l’image du chef de l’Etat ; soit par amertume, eux à qui l’on avait tant promis et à qui l’on n’a plus donné signe de vie une fois hors service.
Ceux qui se voient contraints de repartir en campagne à marche forcée après l’épisode déjà laborieux des européennes prennent peu à peu conscience de l’ampleur dans l’opinion de la colère contre Emmanuel Macron. Une colère nourrie au fil des mois par la réforme des retraites et les lois immigration ou assurance-chômage, et amplifiée encore par ces élections décidées par lui seul ou presque, qui sèment le chaos dans tous les coins du pays à l’heure des départs en vacances et à quelques semaines de l’ouverture des Jeux olympiques. Ils n’y croient plus, se voyant battus d’avance, pris en tenailles entre une extrême droite toute puissante et une gauche miraculeusement unie, certes dans la douleur et avec des hauts et des bas, mais unie quand même.
Il suffit de voir la mine sombre et fermée de Gabriel Attal, dont les jours sont comptés à Matignon, ou même de Yaël Braun-Pivet, qui devrait perdre son précieux siège de présidente de l’Assemblée nationale, pour saisir l’étendue de la débâcle et du désaveu. La fébrilité du futur ex-Premier ministre, samedi soir sur France 2, était palpable quand il a promis une série de mesures favorables aux classes moyennes… dont une mesure déjà prévue par la loi. Dans ce contexte, les pratiques suicidaires de Jean-Luc Mélenchon, qui ne peut s’empêcher de semer la zizanie au sein de LFI au risque de faire voler en éclat l’unité si durement obtenue avec le reste de la gauche, sont d’autant plus absurdes. Et condamnables.