Fermer son pays aux musulmans, se retirer des accords climatiques, cesser toute aide à l’Ukraine, proposer un référendum sur la sortie de l’Europe… Voilà, à gros traits, le programme de l’homme qui, contre toute attente, est arrivé mercredi soir en tête des élections aux Pays-Bas. Certes, Geert Wilders va avoir du mal à constituer une coalition mais le simple fait qu’il sorte gagnant de ce scrutin est en soi un tremblement de terre. «J’aimerais qu’on prenne conscience de la gravité du moment, s’est désolé jeudi l’eurodéputé Raphaël Glucksmann sur France 2. L’Union européenne est en danger de mort interne et externe.» De fait, lentement mais sûrement, le péril brun s’étend sur l’Europe, de l’Italie aux Pays-Bas en passant par la Hongrie et la Slovaquie, nourri par la phobie des étrangers, le sentiment de déclassement des classes moyennes et populaires et la peur de l’avenir, ces trois éléments étant souvent liés dans de trop nombreux esprits.
Les partis traditionnels peinant à rassurer et à offrir un projet de société apte à enthousiasmer les foules, beaucoup en viennent à essayer une extrême droite qui fait tout pour se parer des atours de la normalité. C’est bien en adoptant un ton plus apaisé lors des débats télévisés dans la dernière ligne droite de sa campagne que Geert Wilders a réussi sa percée. Et c’est parce qu’elle est parvenue à se dédiaboliser dans l’opinion que Marine Le Pen, en France, permet au Rassemblement national de caracoler en tête des intentions de vote aux prochaines élections européennes. Cette tendance est un des plus grands dangers qui menacent l’Union européenne, alors que celle-ci n’a jamais eu autant besoin d’être forte et solide face aux crises majeures du moment, qu’il s’agisse des guerres en Ukraine et au Proche-Orient, de la menace des pandémies ou du dérèglement climatique. Il y a péril en la demeure européenne, c’est pourquoi chaque voix comptera lors des élections de juin.