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Libération
L'édito de Paul Quinio

Déclaration de politique générale : pour François Bayrou, le discours d’un choix

Attendu pour sa déclaration de politique générale ce mardi 14 janvier, le Premier ministre va tenter de convaincre à gauche, sans perdre la droite. Un équilibre nécessaire pour tenir plus longtemps que son prédécesseur.
Le Premier ministre, François Bayrou, à l'Assemblée nationale le 17 décembre 2024. (Albert Facelly/Libération)
publié le 13 janvier 2025 à 20h39

«J’ai toujours pensé qu’on ne me demanderait d’occuper cette fonction que quand ça irait très mal.» Ainsi s’exprimait François Bayrou le 23 décembre sur BFM TV. Peu importe que le maire de Pau ait selon toute vraisemblance menti sur le plateau de nos confrères, lui dont le nom est revenu à de multiples reprises ces dernières années dans la liste des premiers ministrables. Si cette phrase mérite qu’on y revienne, c’est qu’elle dit à la fois l’importance de la crise politique que traverse le pays et le haut niveau de confiance en lui qu’a le Premier ministre.

En cette avant-veille de Noël, François Bayrou nous disait en substance qu’il était l’homme de la situation. Le moment était d’ailleurs paradoxal, puisqu’il était en réalité venu à la télévision pour rassurer les Français après ses premiers pas plus que chaotiques (déplacement à Pau pour un conseil municipal, réunion de crise sur Mayotte mal gérée). Ces premiers jours étaient à ce titre un bon condensé du mystère Bayrou, ce littéraire égaré en politique, ce paysan attiré par les lumières parisiennes, cet homme politique à l’ancienne pris comme un lapin dans les phares de la start-up nation macroniste, cet orgueilleux timide, sûr de lui mais jamais à l’abri de foirer un moment pourtant tant attendu, tellement préparé.

Le moment Bayrou arrive donc ce mardi 14 janvier à l’Assemblée avec cette déclaration de politique générale. Et c’est vrai que, sur le papier, avec cet hémicycle sans majorité, le centriste a quelques cartes en main pour réussir. Il a savamment entretenu le mystère sur celles qu’il allait abattre… Combien d’œillades à gauche, combien d’œillades à droite ? De cet équilibre dépendra son avenir à Matignon. Cet équilibre dépend bien sûr de lui, de sa capacité à trancher, de son habileté tactique. Elle dépend aussi de sa capacité à convaincre Emmanuel Macron. Le convaincre de quoi ? De tendre la main s’il veut la reprendre. De renoncer en partie au pouvoir s’il veut le garder. Et ça…