C’est la face sombre de la médaille. Pour préparer au mieux ces moments d’intensité et de joie collective que sont les Jeux olympiques, et accessoirement appâter des amateurs sportifs qui sont autant de potentiels touristes pour l’avenir, les villes hôtes ont tendance à ripoliner les façades, édifier de nouveaux bâtiments, nettoyer et verdir les squares et les berges des fleuves, s’attaquer à l’asphalte pour combler les nids-de-poule et… chasser les précaires, les exclus, les indésirables. Cachez cette misère qui gâcherait la fête… Aucune ville olympique n’avait échappé à la règle. Paris ne fait pas exception.
Enquête
Sauf que la France, emportée par son enthousiasme, avait promis des Jeux olympiques parés de toutes les vertus, économiquement sobres, écologiquement respectueux et… inclusifs, c’est-à-dire ouverts à tous et à toutes. Inclusifs, vraiment ? Notre enquête montre que, à quatre mois de la cérémonie d’ouverture, dans Paris mais aussi dans l’ensemble de la région Ile-de-France, la consigne est de dégager toutes celles et tous ceux qui ont la rue pour seul refuge, et ils sont malheureusement nombreux en ces temps troublés par les guerres et marqués par les difficultés économiques. Ce qui entraîne des situations désespérées, à l’image de ces récentes évacuations de campements de mineurs isolés sur les berges de la Seine. Et si des efforts sont parfois faits pour trouver à certains de ces SDF ou réfugiés des solutions de relogement, c’est loin d’être la règle. Et quand solution il y a, elle est la plupart du temps temporaire. Au point que les associations n’hésitent pas à dénoncer un véritable «nettoyage social», une tache sur ces Jeux qui se voulaient vertueux. Il n’est peut-être pas trop tard pour redonner un sens aux valeurs olympiques, l’excellence, le respect, l’amitié. Il n’y a aucune raison qu’elles restent cantonnées au sport.