Et si le remède proposé allait aggraver le mal ? Le mal : la situation budgétaire de la France. Elle n’a effectivement rien d’enviable et pèse sur la situation économique globale du pays. François Bayrou, le Premier ministre invité ce mercredi du 20 heures de TF1, l’a répété une nouvelle fois. «Est-ce que c’est grave ? Est-ce que c’est urgent ?» a-t-il demandé, évoquant l’ampleur de la dette qui «écrase le pays» de «manière insupportable». «Peut-on se mettre d’accord sur la gravité des choses ?» a-t-il insisté. Son remède est connu depuis le début de l’été : faire 43,8 milliards d’euros d’économie dans le prochain budget, à prendre ou à laisser puisque le Premier ministre a annoncé lundi qu’il se présenterait le 8 septembre devant l’Assemblée nationale pour prononcer une déclaration de politique générale, et donc solliciter des députés un vote de confiance.
Une décision politique pour le moins paradoxale. Elle est risquée politiquement, c’est un euphémisme de le dire, le chef du gouvernement n’ayant quasiment aucune chance d’y survivre. Même si François Bayrou sur TF1 a fait mine d’y croire. Mais elle est aussi économiquement dangereuse, en tout cas contradictoire. C’est ce qu’ont raconté à Libération les chefs d’entreprises croisés à Roland-Garros lors des journées de rentrée du Medef. En résumé, ils jouent en fond de court, c’est-à-dire en prenant le moins de risques possibles. En remettant 1 euro dans le nourrain de l’instabilité politique, François Bayrou nourrit ce que les patrons détestent le plus : l’incertitude. C’est aussi, avec des nuances, ce que disent les économistes que nous avons sollicités. Si aucun ne prétend que la situation d’endettement de la France n’est pas un souci, ils mettent de sérieux bémols à la stratégie de dramatisation à l’extrême de la situation économique choisie par l’exécutif. François Bayrou, ou l’homme qui creuse en réalité le trou qu’il prétend combler ?