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Libération
L'édito de Lauren Provost

Deux ans après la mort de Mahsa Amini : la génération Z iranienne toujours prête à perdre la vie pour pouvoir la vivre librement

En dépit d’une répression impitoyable, la jeunesse, les femmes en premier lieu, continue de défier les mollahs et braver les interdits, notamment le port du voile. Avec le soutien des exilés engagés, tels Golshifteh Farahani ou Mohammad Rasoulof, que «Libération» a rencontrés.
Mohammad Rasoulof et Golshifteh Farahani à Paris le 12 septembre. (Stéphane Lavoué/Libération)
publié le 13 septembre 2024 à 20h32

Le 16 septembre, cela fera deux ans que Mahsa Amini est morte sous les coups de la police des mœurs iranienne. Son crime, rappelons-le : avoir laissé s’échapper quelques mèches brunes d’un voile imposé par le régime des mollahs et mal ajusté à leurs yeux. Elle avait 22 ans.

La première année qui a suivi a été celle du mouvement «Femme, Vie, Liberté». Une insurrection et un espoir monstre se sont emparés du pays. D’ici, nous avons regardé avec admiration cette révolte principalement menée par les femmes et la jeunesse dans les rues, depuis les geôles de la dictature islamique ou en exil. Nous avons aussi été les témoins impuissants de la répression d’un Etat déployant son arsenal de terreur pour étouffer l’opposition et renvoyer les assoiffés de liberté se cloîtrer chez eux. La seconde année, la résignation l’a parfois emporté. L’élection d’un nouveau président perçu comme plus modéré n’a malheureusement rien changé. Le bilan humain s’est alourdi. En mars, un rapport de l’ONU sur les morts de la répression de ces manifestations pacifiques a affirmé que «pas moins de 551 manifestants ont été tués par les forces de sécurité, parmi lesquels au moins 49 femmes et 68 enfants». Les mots terribles de crimes contre l’humanité ont été lâchés. Quand les mêmes experts de l’ONU alertent sur la hausse du nombre d’exécutions, avançant le chiffre de 400 mises à morts depuis janvier.

Malgré tout cela, la nation perse n’a rien perdu de son courage. Sa quête de liberté est toujours là. Indomptable. Surtout, la jeunesse n’a jamais renoncé. Connectée, les yeux rivés sur le monde, cette génération Z, née entre la fin des années 90 et 2010, continue de baisser son voile, de chanter sur les réseaux et de braver les interdits que leurs aînés n’ont pas réussi à faire tomber. Les exilés, eux, poursuivent leur mission : être leurs porte-voix, leurs soldats. Qu’ils s’appellent Golshifteh Farahani ou Mohammad Rasoulof, par leur art et leurs mots, ils se battent pour cette nouvelle génération qui n’a peur de rien. Pas même de perdre la vie pour pouvoir la vivre librement.