Bon nombre de vingtenaires l’ont découvert le 12 octobre sur France Inter, cinq jours après le massacre commis par le Hamas en Israël. D’une voix vibrante, théâtrale, il rappelait à une heure de grande écoute que le Hamas ne représentait pas tous les Palestiniens et que le conflit israélo-palestinien ne se résoudrait jamais autrement que par la politique, faute de quoi cela finirait en «bain de sang». Les plus âgés se sont alors souvenus de son discours de 2003 devant l’ONU quand, ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, il s’était élevé avec fougue contre la guerre américaine en Irak, guerre dont on connaît aujourd’hui les conséquences tragiques.
Enquête
C’est ainsi que Dominique de Villepin, qui avait disparu des écrans radars depuis plusieurs années, est revenu avec fracas sur le devant de la scène politico-médiatique. Fracas est bien le mot car, pris d’une frénésie d’interventions à la télé et à la radio, il s’est soudain carbonisé en direct sur Quotidien en se lançant dans une longue diatribe aux accents antisémites. Consternation générale. Et beaucoup de s’interroger dans la foulée : qui est vraiment cet homme qui fut l’un des plus proches collaborateurs de Jacques Chirac ? Un diplomate devenu marchand d’art et grand bourgeois friqué dont les convictions pro-arabes s’entremêleraient avec des relations d’affaires soutenues avec le Qatar, comme les réseaux sociaux se sont empressés de le colporter ? Ou un homme réellement convaincu du pouvoir de la diplomatie sur les armes et décidé à raviver l’aura passé du Quai d’Orsay, période Mitterrand ou Chirac, avant qu’Emmanuel Macron ne brise les mollets des diplomates et n’affaiblisse l’influence de la France sur la marche du monde ? Notre enquête montre qu’il y a un peu de tout cela dans ce personnage atypique qui jongle avec les fuseaux horaires, les fonds souverains et les galeries d’art, sur fond de rivalité mortelle avec Nicolas Sarkozy. Profitant à fond de son aura à l’international pour oublier qu’en France, il a grillé toutes ses cartouches.