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Libération
L'édito de Paul Quinio

Discours de politique générale de François Bayrou : le début de la stabilité ou du chaos ?

La prestation du Premier ministre face à une Assemblée sans majorité ouvre une séquence qui sera cruciale pour sa survie à Matignon. S’il devait chuter, la France risquerait de basculer dans une crise de régime.
François Bayrou, à l'Assemblée nationale, le 17 décembre 2024. (Albert Facelly/Libération)
publié le 12 janvier 2025 à 20h08

En sports, les spécialistes appellent cela le «money time». En politique, il est plus classique d’évoquer l’heure de vérité, tic, tac, tic, tac, qui approche à grands pas. C’est le cas pour François Bayrou. Nommé à Matignon le 13 décembre, il prononcera ce mardi son discours de politique générale devant une Assemblée nationale qui n’a pas davantage de majorité qu’en 2024. Le Premier ministre y abattra forcément ses cartes. Pas nécessairement toutes, il pourra en garder quelques-unes au chaud pour les discussions budgétaires (loi de finances, loi de financement de la Sécu), qui seront selon toute vraisemblance les vrais rendez-vous pour savoir si François Bayrou est promis au même sort que Michel Barnier : avoir fait un petit tour à Matignon avant de s’en aller. Après le vote de la censure contre le Premier ministre LR, une première depuis 1962, il va se jouer là quelque chose qui dépasse le simple sort de François Bayrou : la bascule de la crise politique vers la crise de régime.

Dit autrement, la séquence qui s’ouvre dira si le pays peut revenir à un minimum de stabilité institutionnelle ou si le chaos, qui fait saliver les deux extrêmes, RN et LFI, gagnera du terrain. Cette question-là est la véritable toile de fond des négociations que socialistes, écologistes et communistes ont accepté d’ouvrir avec le ministre de l’Economie, Eric Lombard. Au-delà de la liste de courses des uns et des autres, un autre enjeu est sur la table : la capacité de tous, du côté de l’exécutif comme des partis dit de gouvernement, à valoriser la culture du compromis, seule option qui tienne compte des équilibres politiques sortis des urnes en juillet dernier. Si rien n’est acquis, des lignes ont bougé. Mais seul le résultat dira si elles ont VRAIMENT bougé. Là encore, au-delà de l’avenir de François Bayrou, les jours qui viennent pèseront sur les rapports de force internes à la gauche. Last but not least, derrière les arbitrages qui seront rendus sur la fameuse réforme des retraites de 2023 se cache un ultime enjeu. Elle constituait jusqu’ici un totem pour Emmanuel Macron (et les marchés). Y toucher lui enfoncera un peu plus la tête sous l’eau déjà saumâtre de la fin de son quinquennat.