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Libération
L'édito de Hamdam Mostafavi

Donald Trump et ses fous de Dieu contre le rêve du melting-pot américain

Vu de la France laïque, les Etats-Unis donnaient déjà beaucoup dans le religieux. Mais avec le second mandat de Trump, on dépasse le symbolique : les chrétiens nationalistes peuplent les lieux de pouvoir et dictent l’agenda politique.

Lors d'un rassemblement contre le droit à l'avortement, devant la Cour suprême des Etats-Unis à Washington, le 24 janvier 2025. (Dominic Gwinn/Middle East Images. AFP)
ParHamdam Mostafavi
Directrice adjointe de la rédaction
Publié le 22/10/2025 à 20h53

A quel point les Etats-Unis basculent-ils vers une théocratie ? La manière dont Donald Trump et ses amis ont surfé sur l’assassinat de Charlie Kirk a mis en lumière la place qu’occupent désormais de manière totalement décomplexée les «fous de Dieu» au cœur même du pouvoir américain. Vu de la France laïque, les Etats-Unis donnaient déjà beaucoup dans le religieux, avec ces «God bless America» («Dieu bénisse l’Amérique») qui ponctuent tous les discours présidentiels ou presque, une prestation de serment sur des bibles toujours plus rares et précieuses, «In God we trust» («en Dieu, nous croyons») présent sur tous les dollars. Et la montée en influence des Eglises évangéliques aux Etats-Unis ne date pas du retour de Donald Trump.

Mais avec ce «Trump II», on dépasse le symbolique. Son ascension est un cas d’école de la façon dont la religion peut s’installer peu à peu dans les lieux de pouvoir et dicter les agendas politiques. Au travers de fondations, de centres de réflexion, de relais via des influenceurs très puissants, et par le choix des personnes les plus proches qui l’entourent, le programme politique porté par le courant nationaliste chrétien domine aujourd’hui le débat aux Etats-Unis. Le Président gouverne en mêlant sa vision religieuse à une conception ethnique de la nation. La grande inquisition a commencé et les raids anti-immigrés qui se multiplient illustrent cette croisade, qui veut, à l’inverse du rêve du melting-pot américain, réécrire l’histoire des Etats-Unis comme un pays peuplé majoritairement par les hommes blancs chrétiens.

Et c’est aussi à l’aune de ces valeurs ultraconservatrices qu’il faut lire la campagne anti-woke, anti-LGBT et anti-femmes du Président. Les manifestations, la semaine dernière, du «No Kings Day» ont démontré qu’il existe une autre Amérique, et qu’elle refuse d’être effacée. Si les références à Dieu sont nombreuses dans la scénographie américaine, c’est bien le peuple qui est au cœur de la Constitution et non pas une certaine idée du monde défendue par Donald Trump et ses «fous de Dieu».