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Libération
L'édito de Dov Alfon

Donald Trump, la folie du félon

Désormais déclaré coupable, l’ancien président s’en est pris pêle-mêle à tous ses ennemis réels ou fantasmés, leur promettant sa vengeance. Un discours déconcertant, qui résonne auprès d’une partie des Américains.
Donald Trump lors de son procès au tribunal de Manhattan, le 30 mai. (MARK PETERSON/AFP)
publié le 31 mai 2024 à 20h50

Vendredi matin, moins de vingt-quatre heures après qu’un jury l’a déclaré coupable des trente-quatre délits de falsification comptable dont il était accusé, Donald Trump était de retour dans la course à la Maison Blanche, offrant à des millions de téléspectateurs médusés un avant-goût de ses arguments de campagne. Dans un monologue décousu, errant parfois vers des divagations connues des professionnels de gériatrie, le candidat du Parti républicain a accusé dans le désordre le juge «démoniaque», les migrants «criminels», le Président Joe Biden «mauvais», les membres du jury «méchants», l’industrie chinoise «secrète», l’avocat général «malhonnête», le maire de Moscou «mystérieux» et le Congo «dangereux» de vouloir l’écarter pour pouvoir mener l’Amérique à sa perte. Il s’agira donc de se servir de ce verdict comme carburant politique, mélangeant allègrement victimisation et contre-vérités, dans un discours haineux qui se passerait de logique.

A un moment particulièrement flou de son monologue, Trump a expliqué qu’il allait interdire les voitures électriques pour mieux combattre le système judiciaire «corrompu», liant la rhétorique anti-écologique classique de droite avec le culte antisystème de sa candidature. Peut-il encore gagner l’élection présidentielle, alors qu’il est maintenant un repris de justice, un felon, selon le terme anglo-saxon dérivé du français félon, «personne cruelle, déloyale» ? Oui, hélas, comme beaucoup d’Américains préféreraient un président cruel, un pays divisé, une planète au bord de l’implosion et un retour aux valeurs conservatrices d’avant la légalisation de l’IVG. Donald Trump, qui avait tenté de saboter les élections de 2020 pour ne pas reconnaître sa défaite, appelle maintenant à respecter le résultat des urnes en novembre 2024 pour mieux saboter le système de justice pénale. Il appartient aux Américains et Américaines de sauver leur démocratie d’une telle félonie.