Le grand chamboule-tout planétaire se poursuit et l’on peut craindre que ce ne soit qu’un début. Après avoir mis à mal l’ordre géopolitique hérité de la Seconde Guerre mondiale, Donald Trump torpille les règles du commerce international avec sa décision, annoncée mercredi, d’imposer à partir du 3 avril des droits de douane de 25% sur toutes les voitures importées sur le territoire américain. Ce qui n’était qu’une menace, dont on pouvait penser qu’elle était agitée pour faire peur et créer un rapport de force, est donc devenue réalité. Son but, raccord avec son «Make America Great Again» : rapatrier la production automobile aux Etats-Unis alors que, en 2024, près de la moitié des voitures vendues dans le pays étaient importées. Et mettre ainsi fin à la politique du libre-échange qui est un des fondements du capitalisme.
Analyse
Sur le papier, cela paraît simple et même basique : on va produire chez nous et on récupérera la mise ! Dans la réalité, c’est plus compliqué et il est possible que Donald Trump ait été concentré sur sa partie de golf le jour où ses principaux conseillers étudiaient les avantages et inconvénients de la mesure. Le circuit de production d’une automobile, comme celui d’un avion, est désormais largement mondialisé. Relocaliser l’entièreté d’une voiture sur un seul lieu n’est pas si simple et l’on ne parle même pas du casse-tête des pièces détachées, notamment pour Tesla. Non seulement les liens de l’Amérique avec la plupart de ses alliés historiques, l’Europe au premier chef et le Japon, qui exporte un tiers de sa production automobile vers les Etats-Unis, sont en train de se distendre sérieusement, mais il est évident aussi que le consommateur américain, au bout du compte, y perdra. Les marchés financiers ne s’y sont pas trompés : ils se sont effondrés peu après cette annonce. Autre hypothèse, Donald Trump a peut-être en tête, comme nous l’a confié Pascal Lamy, ex-directeur général de l’OMC, «un agenda de suprématie prédatrice en matière commerciale». Avec le président américain, tout est possible, et surtout le pire.