Il faut écouter Dina, que Libération a rencontrée cette semaine à Kharkiv, une des villes symboles de la résistance ukrainienne depuis le début de la guerre déclenchée par Vladimir Poutine, et plus encore depuis un mois que les bombardements russes se sont intensifiés sur la ville. De quoi parle Dina ? Des frappes bien sûr, et des horreurs engendrées par la guerre, de ses blessures intérieures. Mais la femme de 26 ans parle aussi de concerts, des expositions qu’elle s’acharne à monter dans le métro (où elle peut en fait) et des bars où elle traîne aussi. Dina avoue que c’est difficile, sous le feu, de ne pas se satisfaire de survivre en ne pensant qu’au lendemain. Mais elle dit surtout qu’elle veut «se projeter» au-delà de cette guerre qu’elle n’imagine pas son pays perdre. Dina, en définitive, parle de son envie de liberté.
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D’une certaine manière, c’est de ce désir de liberté dont il sera question aujourd’hui à l’occasion de la célébration du 80e anniversaire du débarquement en Normandie. D’abord parce que le 6 juin 1944 incarne la victoire des démocraties occidentales contre la barbarie nazie. Mais aussi parce que Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, sera présent sur la côte normande aux côtés de Joe Biden, d’Emmanuel Macron, du roi Charles III et des autres chefs d’Etat, alors que la Russie, dans le camp des vainqueurs en 1945, sera pour la première fois absente des célébrations de ce tournant de la Seconde Guerre mondiale. Tout un symbole. Il est d’importance.
Le leader ukrainien ne se contentera évidemment pas de symboles, et nul doute que les discussions programmées en marge des cérémonies avec Joe Biden ou Emmanuel Macron porteront sur l’impérative accentuation de l’aide militaire occidentale pour permettre à Kyiv de ne pas simplement résister aux assauts de l’armée russe, mais de gagner cette guerre. Le sujet a d’ailleurs été une claire ligne de clivage de la campagne des élections européennes qui s’achèvent, le RN et LFI se distinguant par leur refus de soutenir davantage Volodymyr Zelensky. Comme si, à quatre-vingts ans de distance, il n’y avait pas de trait d’union à tirer sur la préservation d’une même idée de la liberté.