On en est là et on ne s’en remet pas. Comment pourrait-il en être autrement après avoir entendu cet été un prof, après une autre, et un autre, nous dire sans frémir : «La politique ? Plus rien à foutre !» Macron ? Bayrou ? «Ils ne m’intéressent pas. J’écoute plus. Je suis dégoûté.» Cette défiance à l’égard de la politique s’est solidement installée au sein de la profession qui, plus que n’importe quelle autre, est au cœur de notre pacte républicain.
La séquence en cours autour du vote de confiance du 8 septembre ne va pas arranger les choses car, en cas de remaniement, c’est un sixième ministre de l’Education nationale que devra chercher Emmanuel Macron en deux ans. Ce chiffre résume tout : l’Education nationale est plus que jamais ballottée. Sans discours clair et mobilisateur sur ses missions, les anciennes comme les nouvelles, sans perspectives données à un corps enseignant, désabusé depuis des années.
Chaque prof fait comme il peut
Les profs ont besoin de savoir collectivement quelle est en 2025 leur place dans la société. Sauf que chacun se débrouille dans son coin, sa classe, et fait comme il peut avec ce qu’il lui reste d’engagement, de motivation et d’attachement à l’école et aux élèves. Des élèves qui ne vont pas toujours bien, mais à qui le pays ne porte pas non plus d’attention particulière.
Lire notre reportage
La convention citoyenne sur les temps de l’enfant, enjeu décisif pour transformer l’école, aurait dû alimenter la chronique de cette rentrée. Il n’en est évidemment rien. François Bayrou, qui aime pourtant l’école et les profs, a décidé que seule la question budgétaire comptait. Elle est évidemment cruciale. Et oui, la dette française n’est pas supportable. Mais il a juste oublié que pour faire passer cette pilule des économies, il avait aussi besoin pour convaincre d’envoyer d’autres messages plus entraînants. La rentrée scolaire aurait pu en être l’occasion. Les profs, les élèves et leurs parents le méritaient bien.