S’il faut saluer le retrait de Joe Biden – peu de chefs d’Etat sont capables, même sous la pression, de renoncer à la possibilité de rester au pouvoir –, on peut néanmoins lui reprocher d’avoir tant tardé à prendre la mesure de son incapacité à briguer un deuxième mandat. Et surtout d’avoir si peu laissé de place sur la photo à Kamala Harris. Voilà près de quatre ans que celle-ci assure le poste de vice-présidente et c’est tout juste si l’on se souvient du timbre de sa voix. Certes, cette entrée en lice tardive permet de prendre de court Donald Trump et ses soutiens qui avaient tout misé sur la fragilité de Biden, mais cette femme méritait mieux que le rôle de faire-valoir que lui a laissé l’actuel président. Nous ne nous étendrons pas sur le fait qu’elle est une femme et une femme de couleur, car ce serait lui nier des qualités propres mais il est évident qu’elle peut emporter nombre de suffrages chez les femmes, les noirs et les Asiatiques, toutes et tous pouvant se reconnaître en elle. Son engagement dans la bataille pour le droit à l’avortement face à un camp républicain totalement arriéré sur ce thème est aussi un sacré atout qui donne un soudain coup de jeune à une campagne présidentielle qui finissait par nous déprimer plus encore que les luttes de clans au sein du Nouveau Front populaire (quoique…).
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Enfin on se régale à l’idée de voir s’affronter au plus haut sommet de l’Etat fédéral – si Kamala Harris emporte bien l’investiture démocrate – une procureure et un repris de justice, un scénario auquel même Hollywood n’avait jamais pensé. Bien sûr, les jeux ne sont pas encore faits et, même si les dons affluent depuis l’annonce de son entrée dans la course, on n’est pas à l’abri d’un nouveau rebondissement dans cette campagne assez exceptionnelle. Mais l’on ne voit pas bien quelle candidature pourrait apparaître plus crédible que celle d’une femme qui connaît tous les rouages de l’administration américaine et tous les chefs d’Etat de la planète.