Le résultat de l’élection présidentielle au Brésil va sans doute se jouer à un cheveu. Largement distancé par Lula dans les sondages il y a plusieurs mois, le président sortant Jair Bolsonaro est parvenu à limiter la casse lors du premier tour avant de talonner le leader de la gauche. Et même si ses bourdes lui ont fait perdre des plumes ces derniers jours, le résultat s’annonce plus que serré. Ce qui est le pire scénario possible. Car Bolsonaro peut compter sur une foule de sympathisants fanatisés prêts à tout pour maintenir leur idole au pouvoir. Que Lula l’emporte de très peu et ceux-là, emmenés par le président brésilien, sont capables de refuser le verdict des urnes en criant au complot. On évoque même la crainte d’un coup de force, en gros un scénario à la Donald Trump quand les partisans du président défait par Joe Biden avaient envahi le Capitole.
Sorte de théocratie
Les institutions brésiliennes, déjà fragilisées par quatre ans de bolsonarisme (mélange de complotisme et d’autoritarisme) risqueraient de ne pas s’en remettre. Car c’est un pays fracturé et à l’image considérablement abîmée sur la scène internationale qui joue son avenir dimanche. Qu’on se souvienne des centaines de milliers de vies sacrifiées lors de la pandémie de Covid-19 et des millions d’hectares ravagés en Amazonie sans l’ombre d’un état d’âme. La réélection de Bolsonaro risquerait de transformer à long terme le Brésil en une sorte de théocratie, du fait de la toute-puissance des évangéliques, où les armes à feu pulluleraient, où la liberté des mœurs deviendrait un lointain souvenir et où la protection de l’environnement serait chaque jour foulée aux pieds. La victoire de Lula, dans ce contexte, serait un réel soulagement : pour la gauche brésilienne mais aussi pour les démocraties occidentales traumatisées par la prolifération des chefs d’Etat populistes. Mais le plus dur ne ferait que commencer pour le candidat du Parti des travailleurs. Car la défaite de Bolsonaro ne signifierait pas pour autant la fin du bolsonarisme.