«Je n’ai pas d’ennemis, mais mes amis ne m’aiment pas», expliquait le poète anglais Philip Larkin. Décrivait-il sans le savoir les candidats de gauche aux élections européennes, qui n’inquiètent guère leurs adversaires politiques mais se retrouvent à livrer bataille entre eux ? Comme on l’apprendra dans le grand récit que nous publions sur cette entrée en campagne, Jean-Luc Mélenchon a demandé dernièrement à ses troupes de «cogner» davantage sur Raphaël Glucksmann, tête de liste socialiste, tandis que dans son propre parti on demandait à celui-ci de tempérer ses élans pro-européens. Les trois amis têtes de listes – Raphaël Glucksmann (désigné par le PS), Marie Toussaint (Les Ecologistes) et Manon Aubry (LFI) – pourraient presque songer à faire campagne ensemble tant ils sont proches, mais le mot d’ordre de Paris est au contraire de se démarquer le plus possible.
C’est que dans tous les sondages, aussi incertains soient-ils, le RN est donné largement vainqueur, avec en bon second le parti macroniste, représenté par Valérie Hayer ; quant aux formations de gauche, elles peinent à passer le cap symbolique de 10 % des intentions de vote (le Parti comm