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Libération
L'édito de Paul Quinio

Elections législatives : à gauche, des raisons d’y croire

Elections législatives 2024dossier
Au lendemain de la signature d’un accord électoral et programmatique, le Nouveau Front populaire a deux semaines pour convaincre les électeurs face à un Rassemblement national puissant. La dynamique existe, renverser la table est possible.
Place de la République, à Paris, lundi 10 juin. (Denis Allard/Libération)
publié le 14 juin 2024 à 21h41

La gauche peut-elle en quinze jours renverser la table ? Ce n’est pas le scénario le plus probable. Le nier serait chausser des lunettes trop roses. Reconnaître que la poussée de l’extrême droite lors des européennes rend possible l’arrivée à Matignon d’un Jordan Bardella après le 7 juillet est aussi la meilleure façon d’éviter le pire. Juste avant l’ouverture des Jeux olympiques, et alors que la guerre est de retour sur le continent européen, le risque est là que notre pays, deuxième puissance économique de l’Union, perçu de par le monde comme la patrie des droits de l’homme et à ce titre observé comme nul autre, bascule à l’extrême droite.

Pour éviter ce séisme, la majorité déliquescente, gagnée y compris dans ses rangs par l’esprit de défaite, semble impuissante. La droite républicaine s’emploie, elle, à sauver les meubles qu’Eric Ciotti cherche à embarquer avant d’emménager au RN. Reste la gauche, avec trois bonnes raisons de croire que la dynamique de campagne, si importante quand le temps est à ce point compté, se trouve de ce côté-là de l’échiquier. La première raison ? C’est bien sûr l’accord programmatique et électoral présenté vendredi 14 juin par le Nouveau Front populaire. Il était loin d’être acquis, tant la campagne des européennes fut rude entre la liste LFI et celle de Raphaël Glucksmann. Et tant les sujets de divergences étaient lourds, notamment sur l’Ukraine, la guerre au Proche-Orient et les ambiguïtés mélenchoniennes sur la montée de l’antisémitisme en France. Là encore, inutile de jouer les naïfs. Des divergences demeurent, y compris sur les propositions économiques et sociales. Mais les uns et les autres ont su faire les pas et mettre les mots nécessaires pour se retrouver sur l’essentiel : tout faire pour tenter d’éviter le pire, c’est-à-dire le RN majoritaire à l’Assemblée.

L’autre raison d’y croire est la dynamique qui s’enclenche chaque jour davantage dans la société civile, les associations de tous horizons, les syndicats, chez des citoyens anonymes qui ne peuvent rester les bras ballants devant le risque de l’extrême droite. Cette dynamique-là devrait se concrétiser ce samedi dans les manifestations organisées un peu partout en France. Qu’elles se déroulent sans violence, et elles alimenteront la dynamique à gauche. Enfin, dernière raison de croire que renverser la table est possible : regarder au plus près du terrain ce dont la gauche est capable quand elle est rassemblée, qu’elle revendique ses valeurs, s’adosse aux réseaux militants et associatifs locaux pour s’atteler à rendre la vie des administrés tout simplement meilleure. Libération est allé voir dans le Lot, en banlieue parisienne, dans le Gard et dans la Drôme où la gauche fait mieux que résister à la vague d’extrême droite. Et il y a là aussi de quoi nourrir l’espoir.