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Libération
L'édito de Dov Alfon

Emeutes : le juste désarroi des maires

Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterredossier
Après la mort de Nahel mardi, la colère s’est transformée en émeutes et en pillages, allant jusqu’à l’attaque contre le maire de L’Haÿ-les-Roses. Ces édiles, dans une indignation légitime, ont appelé à se rassembler ce lundi midi pour «un retour à la paix civile».
Cité Pablo-Picasso, à Nanterre, le 30 juin. (Bertrand Guay /AFP)
publié le 2 juillet 2023 à 21h24

Partout en France, ce lundi 3 juillet à midi, retentiront les sirènes pour amplifier l’appel solennel des maires de France pour «le retour à la paix civile». Lancée par l’Association des maires de France, cette initiative réclame une réponse plus ferme de l’Etat face à la crise dans laquelle le meurtre par tir policier à bout portant du jeune Nahel mardi a plongé la France tout entière. Les protestations qui ont suivi cet acte injustifiable se sont amplifiées d’émeutes en pillages, jusqu’à l’attaque tout aussi inexcusable à la voiture-bélier du domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses ce week-end. La justice fait son œuvre avec diligence, puisqu’une enquête pour tentative d’assassinat a été ouverte, mais cela ne peut suffire à calmer la colère des élus.

Nous sommes allés à leur rencontre, et nos journalistes ont pu constater l’immense désarroi dans lequel se trouvent les acteurs du terrain, des élus aux associatifs. Les rendez-vous manqués de ces dernières années sont mis en avant : Jean-Louis Borloo, auteur du fameux rapport escamoté par Emmanuel Macron, remet les pendules à l‘heure dans un entretien à Libé, tandis que nos chroniqueurs rappellent l’immense gâchis des changements structurels dans la police française. Les sirènes qui retentiront ce lundi sont une métaphore parfaite de la crise, car elles témoignent de la gravité d’une situation sans offrir aucune solution – qui sait que faire en cas d’alerte donnée par sirènes ? Le ministère de l’Intérieur recommande vaguement de «se mettre en sécurité» et d’«attendre les instructions des autorités».

En attendant, force est de constater que la soif de vengeance à tout prix est palpable dans bien des quartiers. «La vengeance est le capitalisme des pauvres», disait l’auteur Aravind Adiga de son pays en crise, l’Inde. Il est temps de sortir de là. L’appel des maires en convient en épilogue : «Il nous appartiendra de tirer lucidement les leçons de cette crise», pour pouvoir après «retisser les liens brutalement rompus» et reconstruire ensemble «la cohésion dont notre Nation a tant besoin». Il y a urgence ; place donc aux sirènes.