Ne pas se laisser enfermer dans l’impuissance. Tel était, pour résumer, l’objectif que s’était fixé Emmanuel Macron en organisant mardi 16 janvier, à une heure de grande écoute, sa conférence de presse télévisée. Tous les présidents sortants dans l’impossibilité de se représenter sont hantés par ce risque, ou s’en sont plus ou moins accommodés. Cette perspective, Emmanuel Macron la redoute davantage que ses prédécesseurs. Peut-être parce qu’il est encore jeune. Peut-être parce qu’il angoisse à l’idée de devoir canaliser si tôt son dynamisme légendaire. Mais loin de ces supputations quasi existentielles, Emmanuel Macron a en réalité de vraies raisons de se tourmenter face à ce spectre de l’impuissance. Sa majorité reste désespérément relative. C’est sa toile de fond. Et le fond est tombé un peu plus bas à l’occasion de l’examen de la loi immigration qui a fait imploser sa majorité et donc son gouvernement.
Billet
Pour retrouver un peu d’air, il lui a fallu changer de gouvernement, nommer le plus jeune Premier ministre de la Ve République, réaliser un coup en débauchant Rachida Dati. Nécessaire mais pas suffisant pour dire clairement aux Français «où nous allons», comme il l’a dit mardi. Pas sûr que l’exercice auquel s’est livré le Président suffise à clarifier ce cap. Il a bien sûr fixé quelques grandes priorités, et c’est une bonne chose que l’école ait été citée avant l’ordre et la sécurité. Sauf que son propos sur l’école, au-delà des difficultés rencontrées d’emblée par sa ministre, sentait parfois bon la nostalgie et «le réarmement civique» de grand-papa. Et c’est peut-être le principal enseignement de cette conférence de presse : derrière un vocabulaire moderne, une volonté d’assurer de son «audace», de sa capacité de «briser des tabous», le chef de l’Etat a clairement opté, en revendiquant ce fameux «bon sens» près de chez vous, en fustigeant les «normes» qui entravent les énergies, fait le pari qu’après avoir été depuis six ans et demi en marche, il va pouvoir, en accélérant, préparer l’avenir en regardant dans le rétro. Osé.