Emmanuel Macron va avoir l’occasion de mettre son pragmatisme à l’épreuve. Le Président adore rappeler qu’il rechigne rarement, par souci d’efficacité, à changer de pied, d’idée, de stratégie pour s’adapter à une situation nouvelle, une actualité imprévue, un contexte soudain moins favorable. Ce trait politique fait partie de son ADN toujours très en même temps, à son côté très start-up nation agile biberonnée à la culture du résultat, à son refus de se laisser enfermer dans des dogmes ou des tabous. Il est pourtant un domaine ou le chef de l’Etat n’a pas bougé d’un centimètre : les impôts. C’est chez lui, depuis le début, une conviction indépassable, une ligne rouge, un totem : il faut les baisser, en tout cas pas les augmenter. La bonne santé économique du pays est à ce prix. «Moi président, jamais !» répond-il à ceux qui ont pu lui suggérer d’en augmenter certains.
L’économiste Jean-Pisani Ferry, un temps parmi les conseillers du prince, en a fait l’amère expérience quand il a proposé, au printemps dernier, de créer un impôt spécifique sur le patrimoine des plus aisés pour financer la transition écologique. Son rapport a fini dans un tiroir de Bercy. Tout le monde en macronie avait jusqu’ici le petit doigt sur cette couture fiscale du pantalon présidentiel. Et si ce temps-là était fini ? Plusieurs cadors de la majorité sifflotent en tout cas depuis quelques semaines une musique un peu différente. Et si, par pragmatisme, par refus des dogmes, la situation budgétaire