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Libération
L'édito de Dov Alfon

Emmanuel Macron : le mépris

Le chef de l’Etat a annoncé lundi soir exclure l’option d’un gouvernement Nouveau Front populaire, au nom de la «stabilité institutionnelle».
Emmanuel Macron lors du défilé du 14 Juillet, à Paris. (Albert Facelly/Libération)
publié le 26 août 2024 à 21h25
(mis à jour le 27 août 2024 à 10h48)

Il était une fois…

— Un président ! vont dire mes lecteurs.

Eh bien non, chères lectrices, que nenni, chers lecteurs, vous vous trompez. Il était une fois… un morceau de bois. Et si Carlo Collodi a inventé les aventures de Pinocchio dans l’Italie rurale du XIXe siècle, que dirait-il d’une marionnette qui, dans son palais élyséen, essaie de faire le beau mais reste manipulé par les menaces de l’extrême droite, par les fabulations de ses conseillers du soir et par ses propres chimères, à commencer par celle de comprendre ce que veulent les Français ?

Le communiqué d’Emmanuel Macron, annonçant tranquillou écarter la possibilité d’un gouvernement du Nouveau Front populaire, le mouvement arrivé premier aux élections législatives, est une atteinte aux principes démocratiques. Mais il est aussi un aveu d’impuissance : le Président ne peut faire autre chose que danser au bout des fils.

Avec sa prétention d’agir au nom de «la stabilité institutionnelle de notre pays», Emmanuel Macron frise le ridicule : c’est lui qui a déstabilisé le pays avec une dissolution surprise de l’Assemblée nationale sans aucune concertation. Avec sa proclamation d’ouvrir dès aujourd’hui un «nouveau cycle de consultations», et ce avec des personnalités «se distinguant par l’expérience du service de l’Etat et de la République», il vire au mépris. Cela fait des années que le chef de l’Etat n’a pas écouté de personnalités distinguées, ce n’est pas ce mardi qu’il va commencer.

Inquiets – et à juste titre – d’avoir à la tête du pays un président prêt à mettre la France à feu et à sang pour faire passer une «réforme» des retraites sans aucune logique économique ou sociale, les électeurs ont décidé d’équilibrer le pouvoir exécutif par le choix d’un mouvement politique rallié à un programme de gauche. Pour faire bonne mesure, l’immense majorité des électeurs ont voté pour des partis rejetant le macronisme. Aucune consultation, distinguée ou pas, ne pourra changer cela.

Condamnant l’attaque du Capitole par les partisans de Donald Trump, le 6 janvier 2021, Emmanuel Macron avait publié un autre communiqué, exprimant sa confiance et son soutien dans la force de la démocratie américaine. Son communiqué de lundi soir exprime exactement le contraire pour la démocratie française.