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Libération
L'édito de Dov Alfon et Hamdam Mostafavi

En Iran, l’avenir incertain du régime

Le régime iranien a lancé ce lundi 23 juin une riposte symbolique contre une base américaine au Qatar. L’idée d’écarter Ali Khamenei, prend de l’ampleur mais l’appareil répressif garde toute son efficacité.
Des frappes israéliennes sur la prison d'Evin en Iran, ce lundi 23 juin. (Nikan/Middle East Images. AFP)
publié le 23 juin 2025 à 20h59

Secouée, mais encore terrifiante. A l’image de cette vidéo de la prison d’Evin, cœur carcéral de la répression iranienne dont la porte a soudain volé en éclats après une frappe israélienne, la république islamique des mollahs n’est peut-être pas près de s’effondrer ; mais le doute commence à gagner la population. Au sein de l’opposition nationale, on dit souvent que tout le gouvernement d’un Iran démocratique se trouve entre les quatre murs de ce lieu tristement célèbre. Ouvrir les portes de la prison ne signifie pas pour autant donner mécaniquement la liberté aux Iraniens : la terreur règne encore, et si l’appareil répressif est bien endommagé, il reste encore efficace contre sa population. N’empêche que le symbole est là, et si les informations circulaient librement dans le pays, il résonnerait sans doute dans la population.

La riposte iranienne de ce lundi 23 juin, comprenant l’envoi de missiles sur une base américaine au Qatar, est perçue comme une réaction proportionnée pour éviter une nouvelle escalade, après le bombardement des sites nucléaires ordonné par Donald Trump. Fidèle à son «en même temps», Emmanuel Macron a pu mettre en doute la «légalité» de ces frappes américaines tout en «partageant l’objectif» de ne pas voir Téhéran accéder à l’arme nucléaire.

Comment donc joindre ces deux bouts ? Le slogan permanent du régime, «Mort à l’Amérique, mort à Israël», ne souhaite bizarrement pas la vie à l’Iran ou à ses citoyens. C’est que la menace de mort est inhérente à un régime totalitaire, et le retournement de cette menace contre ses gardes fait son effet.

Alors que le renversement du régime avait été manifeste dans les ambitions israéliennes dès la première attaque, Trump ne s’y est joint que dimanche, le proposant ouvertement si le gouvernement «est incapable de RENDRE L’IRAN GRAND A NOUVEAU». Mais qui pourrait mener à bien une pareille transition ? Beaucoup se pressent aux portillons, dont le fils du chah déchu, Reza Pahlavi, qui se veut rassurant sur sa capacité à éviter le chaos de l’après-mollahs, un risque pourtant bien réel. D’autres en Iran, y compris des membres du régime favorables à plus de pragmatisme, se posent aussi en alternative. Sans oublier la crainte que si le gouvernement ne tombe pas, il dirigera ce qui lui restera de force contre les Iraniens.