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Libération
Edito

En Iran, l’incroyable courage des femmes

Il a suffi de la mort d’une femme pour que les Iraniennes décident que c’en était assez et qu’à leur tour elles se lèvent contre l’oppresseur pour clamer haut et fort «Zan, zendegi, azadi» («Femme, vie, liberté»). Un courage dont on se doit d’être à la hauteur.
Une manifestation à Téhéran, le 19 septembre. (SalamPix/Abaca)
publié le 25 septembre 2022 à 21h01

L’actualité nous fait parfois des clins d’œil dont on aimerait croire qu’ils ne sont pas fortuits. Depuis deux jours, des vidéos tournant en boucle sur les réseaux sociaux nous serrent la gorge. On y voit une Iranienne, puis deux, cheveux découverts, chanter Bella Ciao, ce chant de révolte initialement entonné par les saisonnières de la plaine du Pô pour dénoncer leurs conditions de travail, avant d’être repris pendant la Seconde Guerre mondiale par les partisans italiens qui se battaient contre les troupes allemandes alliées aux fascistes de Mussolini. Ce chant est déjà émouvant en lui-même tant il évoque le courage et l’esprit de résistance. Il devient bouleversant quand il est entonné par des Iraniennes dont les sœurs et les cousines descendent en masse dans la rue pour dénoncer l’obscurantisme du régime iranien, au risque d’y laisser leur vie, à l’image de Mahsa Amini et de Hadis Najafi.

Le plus incroyable, c’est que ce chant devienne viral sur la toile au moment même où une candidate postfasciste, Giorgia Meloni, est donnée favorite pour prendre le pouvoir en Italie. Est-ce vraiment un hasard ? Peut-être pas. La révolte du peuple ukrainien contre l’envahisseur russe a sans doute donné des idées et du courage à d’autres peuples ou minorités opprimés.

Certes, les Ukrainiens n’auraient pas pu tenir si longtemps sans l’aide massive des Occidentaux, ce dont les peuples syriens ou kurdes, avant eux, n’ont pas pu bénéficier, ou pas suffisamment. Mais leur capacité de résistance est devenue un exemple. Il a suffi de la mort d’une femme pour que les Iraniennes décident que c’en était assez et qu’à leur tour elles se lèvent contre l’oppresseur pour clamer haut et fort «Zan, zendegi, azadi» ( «Femme, vie, liberté»), le slogan que nous mettons aujourd’hui à la une de Libération.

Et, demain, les Italiennes, peut-être, entonneront Bella Ciao pour défier Giorgia Meloni qui entend leur intimer de rester à la maison. Ce chant n’a pas de frontières, et ce n’est pas un hasard si en cette période tragique il s’élève avec autant de force d’un des pays les plus verrouillés de la planète, entonné par des Iraniennes réclamant leur liberté. Ces femmes font preuve d’un incroyable courage et l’on se doit tous, femmes et hommes, responsables politiques ou simples citoyen(ne)s, d’en être à la hauteur.