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Libération
L'édito de Paul Quinio

Entre Delphine Ernotte-Cunci et France Télévisions, le plus dur reste à venir

Auditionnée par l’Arcom ce lundi 12 mai afin de rempiler pour un troisième mandat consécutif, l’avenir de la PDG de l’audiovisuel public, qui présente un bilan méritoire malgré quelques ombres au tableau, est suspendu au projet de fusion voulu par la ministre de la Culture.
Delphine Ernotte et Nicolas Sarkozy, le 9 octobre 2023 à Paris. (Accorsini Jeanne/Abaca)
publié le 12 mai 2025 à 10h13

Et de trois ? L’histoire des dirigeants de France Télévisions est suffisamment mouvementée pour souligner une situation inédite : la probable reconduction, pour un troisième mandat, de Delphine Ernotte à la tête du géant de l’audiovisuel public français. A 58 ans, elle demandera en tout cas aujourd’hui à l’Arcom, l’autorité de régulation, le droit de rempiler pour cinq ans. L’histoire des dirigeants de France Télévisions est suffisamment incestueuse avec les sommets politiques de l’Etat pour noter également que Delphine Ernotte et Emmanuel Macron n’ont pas gardé les vaches ensemble. Donc si l’actuelle patronne de France Télés devait être reconduite – il est vrai face à une concurrence de facture disons moyenne –, elle le devra d’abord à un bilan plus que méritoire, malgré les restrictions budgétaires. Dans le désordre : numérisation réussie de l’entreprise, fusion réalisée sans trop de remous entre France 2 et France 3, féminisation des antennes et des hauts cadres, couverture XXL des JO. Résultat, les Français s‘y retrouvent, puisqu’ils seraient 84 % selon l’Ifop à avoir une bonne image de leur télé publique.

Quelques ombres au tableau tout de même : la chaîne France Info qui pédale toujours dans la semoule des audiences et une gestion des ressources humaines à la dure. Mais la vraie ombre plane en réalité sur l’avenir et le projet de fusion porté par Rachida Dati entre France Télés et Radio France. La ministre de la Culture, sur France Inter la semaine dernière, était à la peine pour convaincre de sa pertinence. Le parcours parlementaire chaotique du texte – reporté, il reviendrait à l’agenda finalement en juin – laisse penser qu’un loup politique se cache encore quelque part. Toujours est-il que Delphine Ernotte se verrait bien diriger ce méga holding. Et aurait mis un doigt dans la tambouille de sa ministre de tutelle… Péché d’orgueil ? Si le projet devait de se faire, une chose est sûre : le plus dur est sans doute devant Delphine Ernotte.