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Libération
L'édito de Paul Quinio

Entre François Hollande et Jean-Luc Mélenchon, une joute sans fin

Ils sont chacun un épouvantail pour le camp de l’autre : les deux leaders imposent leur éternel face-à-face à une gauche incapable de tourner la page.
Jean-Luc Mélenchon et François Hollande en juin 2002. (Philippe Wojazer/Reuters)
publié le 22 janvier 2025 à 20h37

Hollande, Mélenchon, le retour. Mais le retour de quoi ? En cassant l’unité à gauche qui avait prévalu pour censurer le gouvernement de Michel Barnier début décembre, le Premier ministre, François Bayrou, a ressorti du formol l’opposition politique et personnelle qui a alimenté d’abord – et pendant des années – la chronique des querelles internes au Parti socialiste et depuis quelque temps celle des deux gauches irréconciliables. Ce duel entre deux personnalités que tout oppose ne résume pas ce pan de l’histoire politique à gauche, mais c’est peu dire qu’il y occupe une place de choix. La discrétion forcée de l’ancien président, à l’issue d’un quinquennat suffisamment raté pour qu’il juge ne pas pouvoir se représenter, avait évidemment mis en sourdine ce combat des chefs. Jean-Luc Mélenchon en était sorti vainqueur par KO, certain d’avoir enfin installé son logiciel radical au cœur de l’identité de gauche, à défaut de pouvoir, après ses échecs présidentiels, l’installer au cœur de la vie politique du pays.

Mais tel un éléphant-phénix, François Hollande, qui a été un acteur clé de la décision du PS de ne pas voter la motion de censure déposée par LFI contre Bayrou le 16 janvier, se rappelle au bon souvenir de tous, et donc de Jean-Luc Mélenchon. La vie politique va aujourd’hui trop vite pour mettre sa main à couper que ces deux-là s’affronteront nécessairement lors de la prochaine présidentielle. Mélenchon a, lui, écarté toutes les haies qui se dressaient dans son couloir. Il se prépare clairement. Hollande, fidèle à sa tactique d’enjamber les haies les unes après les autres, laisse l’option ouverte, quitte à la refermer si la situation politique lui interdit de rêver. Seules certitudes donc à ce stade : 1. le retour de ce duel de septuagénaires en dit long sur l’absence de relève à gauche, en tout cas sur la difficulté des figures montantes (Ruffin ou Glucksmann pour ne citer qu’eux) à occuper vraiment le terrain ; 2. au-delà du cas Hollande, le retour de ce face-à-face signe de fait un retour en forme du courant réformiste à gauche. N’en déplaise à… Jean-Luc Mélenchon.