Un déjeuner à Paris, pourquoi pas ? Ce mercredi devait avoir lieu à Fontainebleau le traditionnel Conseil des ministres franco-allemand, symbole imagé du couple européen pour qui rien n’a changé malgré les tempêtes tout autour. L’annonce soudaine d’un report inexpliqué et d’ailleurs inexplicable de cette importante rencontre bilatérale avait fait l’effet d’un coup de tonnerre dans toutes les chancelleries européennes, surtout au vu des déclarations d’Emmanuel Macron à Bruxelles, qui avait lancé aux journalistes abasourdis : «Moi, je pense que ce n’est pas bon ni pour l’Allemagne ni pour l’Europe qu’elle s’isole.» Il est grand temps de déjeuner ensemble, et c’est ce que feront ce mercredi le président français et le chancelier allemand, Olaf Scholz.
Ces agapes suffiront-elles pour examiner la liste des divergences longue comme un jour sans bretzel ? Gaz, armement, plafonnement des prix, élargissement à l’Est… Pour Paris, le chancelier allemand prouve qu’il préférait faire cavalier seul, avec son méga plan de soutien aux Allemands contre l’inflation énergétique, dont la France n’avait pas été avertie, et pour lequel elle n’avait certainement pas été consultée.
Pour Berlin, Macron aime la solidarité européenne quand elle joue en faveur des intérêts français mais l’ignore quand elle devrait permettre à l’Allemagne de sauvegarder son modèle économique. Pas question donc d’accepter un projet de plafonnement européen des prix du gaz ou d’attendre la réalisation d’un gazoduc qui ne verra sans doute jamais le jour. «J’aime tellement l’Allemagne que je préfère qu’il y en ait deux», aurait écrit l’écrivain François Mauriac, plume semi-officieuse de De Gaulle, plus de dix ans avant la signature en 1963 du traité de l’Elysée par le général et le chancelier Konrad Adenauer, document qui allait enterrer l’animosité française à l’égard de son puissant voisin. Définitivement ? Dans quelle atmosphère se déroulera l’anniversaire des 60 ans de ce traité historique l’année prochaine ? Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont ce mercredi midi décidément beaucoup de pain sur la planche.