Une date sombre dans l’histoire de la droite. En se déclarant favorable, ce mardi 11 juin, à une alliance avec le Rassemblement national, Eric Ciotti, patron de LR, a clairement proposé de sortir sa formation, héritière de De Gaulle, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, de l’arc républicain. Son annonce restera dans l’histoire comme une claque au passé de ce parti qui a longtemps été un des plus puissants de France. Car si des brèches avaient parfois été entrouvertes, le chef de la droite a clairement fait sauter une digue.
Que l’individu Eric Ciotti penche pour un rapprochement avec Marine Le Pen, au fond, n’est guère surprenant : il est le tenant, à droite, d’une ligne ouvertement identitaire aux accents facilement xénophobes, n’hésitant pas, par le passé, à évoquer «le grand remplacement» de la population française, vieux fantasme rance de l’extrême droite. Mais que le leader Eric Ciotti ose entraîner ses troupes dans cette fange est indigne. D’autant qu’il ne semble guidé là que par de simples calculs politiciens, terrorisé à l’idée de perdre son fauteuil de député et ses prébendes, voire un accès à la mairie de Nice en 2026, son idée fixe qui lui vaut une guerre ouverte avec Christian Estrosi, l’actuel édile de la ville.
De cette décision qui semble avoir été prise sans consultation de ses troupes (mais qu’est-ce qu’ils ont tous en ce moment ?), peuvent naître deux espoirs. Le premier est de voir les ténors de LR se rebiffer pour sauver ce qui peut l’être de la droite républicaine. Ils ont été nombreux mardi après-midi à réclamer la démission d’Eric Ciotti. C’est heureux, même si certains d’entre eux ont accompagné sans trop broncher, voire encouragé, la dérive idéologique de leur camp. L’autre espoir est que la perspective d’une alliance LR-RN agisse comme un électrochoc sur les leaders de gauche et achève de les convaincre que, sans union, ils seront balayés par ce vent mauvais qui souffle depuis dimanche.