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Libération
L'édito de Paul Quinio

Et si Raphaël Glucksmann était prêt à la vraie bagarre ?

A cinq jours du vote de confiance décidé par François Bayrou, le député européen assume appartenir à cette gauche qui refuse la politique du pire, et demande à Macron d’accepter un compromis sur la fiscalité des plus riches.

Il lui reste pas mal de travail pour convaincre qu’il n’incarne pas une gauche solide sur ses principes mais trop loin de cette France qui souffre. A Paris, le 2 septembre. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
ParPaul Quinio
Directeur délégué de la rédaction
Publié le 03/09/2025 à 20h53

Raphaël Glucksmann aurait-il changé ? L’entretien qu’il a accordé à Libération donne en tout cas le sentiment que le leader de Place publique a quitté sa zone de confort. Et qu’il a, comme on dit d’un sportif, décidé de muscler son jeu. D’assumer davantage. De quitter ces rives sablonneuses de l’intellectuel qui s’est certes engagé depuis un moment en politique – il est tout de même député européen depuis 2019 –, mais toujours un peu sur la pointe des pieds, avec dans la poche ce ticket de retour vers sa vie d’avant. Avec aussi la suffisance du sachant et le charme du novice que ses contradicteurs et adversaires se sont fait un plaisir de transformer en insuffisances d’un velléitaire, mille fois observé, mille fois retourné comme une crêpe. Il n’y a par exemple rien de nouveau dans son entretien sur les désaccords qu’il affiche avec Jean-Luc Mélenchon. On a compris depuis belle lurette que ces deux-là ne passeront pas de vacances ensemble.

Mais il transpire de son propos comme une indicible libération, presque un détachement, et du coup davantage d’assurance dans la mise à distance de l’encombrant patron de La France insoumise. Prêt à la vraie bagarre, Raphaël Glucksmann ? Ce serait aller trop vite. Cette détermination qui pointe ne suffit pas. Les embûches qui viendront de l’extérieur ne manqueront pas. Et il lui reste pas mal de travail pour convaincre qu’il n’incarne pas une gauche solide sur ses principes et ses valeurs, mais loin, trop loin de cette France qui souffre à qui Glucksmann prétend s’adresser. A cinq jours du vote de confiance décidé par François Bayrou, le député européen assume en tout cas d’appartenir à cette gauche qui refuse la politique du pire. Avec un diagnostic : si Emmanuel Macron ne bouge pas d’un millimètre sur sa politique fiscale à l’égard des plus riches, discuter de quoi que ce soit n’aura pas de sens.