Une victoire inattendue, une respiration bienvenue. Le succès de Nicusor Dan à la présidentielle en Roumanie est sans conteste une très bonne nouvelle pour ceux qui pensaient le camp pro-européen condamné face à l’essor des nationalistes au sein même de l’Union européenne. Pour ceux aussi qui craignaient la déstabilisation venue de l’extérieur – que ce soit de la Russie, ou même des Etats-Unis. La défaite de l’ultranationaliste George Simion, pourtant donné favori, prive d’un nouvel allié le camp eurosceptique de l’Italienne Giorgia Meloni et du Hongrois Viktor Orban, dans leur stratégie de noyautage des Vingt-Sept. Le profil du vainqueur, maire de la capitale Bucarest, donne de l’espoir. Ce politicien atypique a su mobiliser l’électorat en présentant l’élection comme une véritable bataille géopolitique. «Il ne s’agit pas d’un débat entre individus mais d’un débat entre une direction pro-occidentale pour la Roumanie et une direction anti-occidentale», avait-il affirmé. Le taux de participation – 65 % – témoigne d’un véritable sursaut des électeurs, sur place comme dans la diaspora, qui s’est révélée moins pro-Simion qu’au premier tour.
La victoire semblait pourtant acquise à George Simion. Le candidat d’extrême droite avait affiché ses vues antieuropéennes, son rejet de l’aide militaire à l’Ukraine et sa passion pour Donald Trump. Il était présent à Washington lors de l’investiture du président américain en janvier, et avait adopté «Make Romania Great Again» pour slogan de campagne. De là à penser que Donald Trump a eu un effet repoussoir ?
Toujours à l’est, en Pologne, se jouera bientôt une élection à l’enjeu similaire. Un autre maire, celui de Varsovie, pro-européen également, est arrivé dimanche en tête de au premier tour de la présidentielle. Mais Rafal Trzaskowski devra faire face à un second tour difficile face au candidat conservateur. Au Portugal, les élections législatives du week-end ont confirmé la poussée de l‘extrême droite comme troisième force politique du pays. Le camp de l’Europe a peut-être gagné une bataille, mais pas la guerre.