C’est peut-être un concours de circonstances, mais il en dit long. Nos confrères de la Tribune dimanche ont révélé ce dimanche 25 février le nom de la tête de liste Renaissance aux prochaines élections européennes : Valérie Hayer, 37 ans, députée européenne depuis 2019, inconnue du grand public. Elle l’est toujours après ce week-end. L’élue originaire de la Mayenne, fille et petite-fille de paysans, était pourtant au Salon de l’agriculture samedi dans la caravane présidentielle. Mais cette dernière s’est tellement enlisée dans le chaos des allées de la porte de Versailles que personne n’a prêté attention à l’impétrante. La lumière était braquée sur Emmanuel Macron et ses déboires, «point barre» comme dirait l’autre. Le Salon aurait pu être pour Valérie Hayer une petite rampe de lancement pour sa campagne. L’histoire dira s’il se révélera être un toboggan vers une défaite assurée au mois de juin. Et, parallélisme de l’actualité toujours avec la visite ce dimanche 25 janvier de Jordan Bardella au Salon, un tremplin vers une victoire de l’extrême droite, comme le prédisent pour l’instant les sondages.
Une chose est sûre, dans des conditions catastrophiques, Emmanuel Macron a lancé la campagne des élections européennes en ciblant à plusieurs reprises l’inanité des propositions de l’extrême droite. Mais derrière ces rodomontades justifiées se cachent plusieurs enseignements inquiétants. Aucun ténor de la majorité présidentielle n’a manifestement souhaité mouiller le maillot en assumant d’être tête de liste. C’est quand même étrange pour une formation qui prétend mettre l’Europe au cœur de son logiciel. Cela confirme aussi que la formation Renaissance reste, après sept ans de macronisme au pouvoir, une coquille vide qui ne pèse sur rien. La seule force de frappe de la majorité s’appelle Emmanuel Macron. Et si le passage au Salon ce week-end a confirmé l’art présidentiel de mettre son courage physique en scène, il a aussi démontré l’amateurisme et les faiblesses de la majorité. Elle n’avait, si l’on ose dire, pas besoin de ça. Mais surtout, l’Europe, elle, mérite mieux.