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Libération
L'édito de Hamdam Mostafavi

Face à la canicule, il y a péril en la demeure

Nos logements, écoles, hôpitaux, rues restent largement inadaptés aux pics de chaleur à répétition, comme celui qui touche la France à partir de ce lundi 30 juin. Pour y remédier, il est temps de mettre en place un cadre législatif contraignant.
A Clermont-Ferrand le 19 juin. (Romain Costaseca/Hans Lucas)
publié le 29 juin 2025 à 20h19

Le réchauffement va plus vite que notre capacité à changer nos villes, nos habitats, nos habitudes. La surchauffe est totale et les mesures insuffisantes. Les villes tentent d’innover, les plans locaux se multiplient, et en attendant chacun se débrouille pour faire face. Mais notre inadaptation fait des victimes toujours plus nombreuses. D’autant que les pics de chaleur ne sont plus un phénomène rare, mais une norme. Alors la vie courante s’arrête. Des écoles ferment dans plusieurs départements, des activités tournent au ralenti, le quotidien peu à peu grignoté par cette chaleur qui ne va cesser de nous accabler. Le bilan en termes de santé publique est éloquent. Eric Thibaud, chef des urgences à Colmar, témoigne dans Libération de la difficile prise en charge des vagues de chaleur, qui viennent saturer l’hôpital en période où l’effectif est déjà réduit, et dont les effets sur la santé sont insidieux. La chaleur a causé une surmortalité de 3 700 personnes en 2024.

Un danger que l’on subit d’abord chez soi : 42 % des Français disent avoir souffert de la chaleur dans leur logement, selon la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé-Pierre). Or le sujet est longtemps resté un angle mort des politiques publiques. Un texte transpartisan «Zéro logement bouilloire» doit être déposé dans les prochains jours à l’Assemblée nationale. Espérons qu’il fasse avancer le sujet. Jusque-là, les mesures se sont longtemps concentrées sur la protection envers le froid mais, contre la surchauffe, aucun cadre législatif contraignant n’existe à ce jour. Un logement sur trois serait «une bouilloire», selon le syndicat d’industriels de la domotique et de la sécurité Ignes.

Les conséquences dramatiques du réchauffement climatique n’ont jamais été aussi palpables, elles nous étouffent littéralement. Et pourtant, la prise de conscience écologique ne cesse de reculer, notamment chez les politiques qui ont acté récemment plusieurs retours en arrière – reprise du chantier de l’A69, fin des ZFE ou encore loi Duplomb, torpillant toute norme jugée trop contraignante par les agriculteurs, qui sera examinée à partir de ce lundi 30 juin en commission mixte paritaire, avant vote solennel des deux chambres du Parlement. Il est temps que ce paradoxe nous scandalise.